Fini, le deux poids, deux mesures pour les travailleurs temporaires

Le gouvernement Trudeau a l'intention de moderniser le Code du travail notamment pour interdire aux employeurs de rémunérer moins bien leurs travailleurs embauchés par le truchement d’agences de placement.
Photo: Catherine Legault Le Devoir Le gouvernement Trudeau a l'intention de moderniser le Code du travail notamment pour interdire aux employeurs de rémunérer moins bien leurs travailleurs embauchés par le truchement d’agences de placement.

Ottawa n’a pas seulement l’intention de se doter d’une loi sur l’équité salariale. Il entend aussi moderniser le Code du travail, notamment pour interdire aux employeurs de rémunérer moins bien leurs travailleurs embauchés par le truchement d’agences de placement. Les syndicats applaudissent.

Le gouvernement fédéral interdira à la fonction publique fédérale ainsi qu’aux employeurs oeuvrant dans des secteurs de compétence fédérale (aviation, télécommunications, etc.) de verser un salaire inférieur à des employés simplement parce qu’ils travaillent à temps partiel ou de manière temporaire ou encore parce qu’ils ont été embauchés par une agence de placement plutôt que directement par l’employeur. La règle voudra que les travailleurs occupant une même fonction devront tous toucher la même rémunération.

Ces modifications au Code du travail, qui accompagnent les mesures instaurant l’équité salariale, sont passées inaperçues lundi soir parce que faisant partie du projet de loi budgétaire comptant 649 pages plus 230 pages d’annexes. La ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’oeuvre et du Travail, Patty Hajdu, compte en faire la promotion plus tard cette semaine.

Ottawa interdira aussi à ces mêmes employeurs d’imposer à leurs nouvelles recrues une période d’inadmissibilité aux congé de maternité. Il est fréquent, explique-t-on au bureau de la ministre, que des entreprises ne protègent pas les travailleuses si elles sont à leur emploi depuis moins de six mois. Le gouvernement fédéral impose aussi aux employeurs d’offrir cinq jours par année de congé en cas de violence conjugale et de donner des préavis pour tout changement à l’horaire de travail.

Le Congrès du travail du Canada (CTC), l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) et l’Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC), qui ensemble représentent plus de 3,5 millions de syndiqués, applaudissent à ces changements qu’ils qualifient «d’importante modernisation».

Les trois syndicats se réjouissent par ailleurs qu’Ottawa se dote d’une loi proactive sur l’équité salariale. «La loi est-elle parfaite? C’est proche», a lancé en conférence de presse Hassan Yussuf, le président du CTC. «C’est un grand jour pour les femmes du Canada, a renchéri Debi Daviau, présidente de l’IPFPC. L’équité salariale est une question de justice et cette semaine, justice a été rendue.»

Aucun chef syndical ne s’offusque qu’Ottawa accorde aux employeurs un délai de trois ans après l’adoption de la loi pour effectuer les comparaisons salariales entre les catégories d’emplois à prédominance féminine et masculine. «On doit faire les choses correctement. Si on se précipite, on répètera les erreurs et reproduira la discrimination systémique qui existe déjà», estime M. Yussuf. «Bien qu’on ait des années de travail accumulé sur ce sujet, ce n’est pas un processus facile. Quand vous avez différentes catégories d’emplois, il faut analyser cela avec soin», a ajouté Chris Aylward, président de l’AFPC.

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