Non à une prolongation de l'enquête sur les femmes autochtones, dit une coalition autochtone

La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, se prononcera bientôt sur la demande de prolongation de l’enquête nationale sur les femmes autochtones.
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, se prononcera bientôt sur la demande de prolongation de l’enquête nationale sur les femmes autochtones.

Le gouvernement Trudeau promet de répondre bientôt à la demande de l’enquête nationale sur les femmes autochtones, qui lui a réclamé deux ans de plus pour terminer ses travaux. Mais une importante coalition de leaders autochtones et de proches de victimes somme Ottawa de la leur refuser.

La ministre des Relations Couronne-Autochtones, Carolyn Bennett, promettait cette semaine de préciser « très bientôt » si son gouvernement octroiera ou non plus de temps à la Commission d’enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées.

« Nous nous apprêtons à le clarifier », a-t-elle indiqué mercredi, en ajoutant que le gouvernement présenterait en outre sous peu son propre rapport pour répondre au rapport intérimaire qu’ont déposé les commissaires en novembre.

Les travaux de l’enquête nationale ont fait l’objet de nombreuses critiques depuis un an. La démission de la commissaire en chef Marion Buller a été réclamée à quelques reprises par des chefs autochtones ou des proches de victimes, qui reprochent notamment à la commission d’enquête de ne pas soutenir suffisamment les familles. Un grief qui a été réitéré dans une lettre acheminée à la ministre Bennett cette semaine.

Rejet de la demande

 

Près de 200 signataires lui ont demandé de rejeter la demande de prolongation de mandat de l’enquête nationale. « L’enquête doit terminer son travail dans un délai convenable. Sans prolongation. Sans ressources supplémentaires », écrivent les signataires dans la lettre dont le Globe and Mail a obtenu copie.

Les commissaires ont demandé, début mars, deux ans de plus au gouvernement fédéral, de même qu’une enveloppe supplémentaire de 50 millions — qui s’ajouterait aux 54 millions que leur a versés Ottawa pour les deux premières années de leur mandat qui devait se terminer fin 2018.

« L’enquête nationale a débarqué comme un bulldozer dans nos communautés et une prolongation [de son mandat] continuera d’exacerber le fardeau émotif et psychologique des personnes qu’elle devait réconforter », déplore la lettre.

« Un compte rendu nous a été rapporté de façon récurrente par les communautés : ils sont venus, ils ont pris nos histoires, ils sont partis », accusent les signataires dont font partie, selon le Globe and Mail, la grande chef Sheila North Wilson du nord du Manitoba, la chef Ava Hill du sud-ouest de l’Ontario et Pam Palmater, une militante autochtone qui est professeure à l’Université Ryerson. Elles ont toutes les trois déjà critiqué le travail de l’enquête nationale dans le passé.

En décembre, lors d’une rencontre de l’Assemblée des Premières Nations, lorsque des chefs autochtones ont adopté une résolution réclamant le licenciement de la commissaire en chef Marion Buller, la grande chef Sheila North Wilson avait pris le micro pour la sommer directement de démissionner.

La commission d’enquête a recueilli les témoignages de près de 880 témoins, depuis qu’elle a commencé ses audiences le printemps dernier.

Ses travaux ont cependant été ponctués de nombreux départs au sein de l’équipe — cinq licenciements, mais aussi une quinzaine de démissions, dont celles de la directrice générale, Debbie Reid, et de l’une des commissaires, Marilyn Poitras.

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