Un sondage place les libéraux de Paul Martin en avance au Québec
Les libéraux fédéraux du Québec désespéraient de recevoir un signal qui leur permettrait d'entretenir leur rêve d'élections printanières. Ils en ont reçu un premier hier, par le biais d'un sondage réalisé à la demande du Parti libéral du Canada et dont Le Devoir a obtenu les grandes lignes.
Selon l'enquête réalisée par la firme Créatec+, une maison de sondage indépendante, 43 % des Québécois auraient l'intention d'appuyer les libéraux, comparativement à 37 % pour le Bloc québécois, 10 % pour le Parti conservateur, 6 % pour le NPD et 4 % pour les autres. Ces résultats sont obtenus après répartition des 15 % d'indécis et de discrets.Ces chiffres sont différents de ceux des derniers sondages publiés dans les journaux. Encore hier, Ipsos-Reid faisait état d'une avance de seulement sept points pour les libéraux à l'échelle du pays et d'un retard de 15 points derrière le Bloc québécois, au Québec. Bien que l'échantillon se limitait à 1000 personnes pour tout le Canada, ce qui augmente la marge d'erreur régionale, le sondage d'Ipsos-Reid faisait en grande partie écho aux derniers sondages de CROP et de Léger Marketing.
Même si le sondage Créatec+ fait état d'une nette amélioration pour les libéraux, le lieutenant politique de Paul Martin au Québec, Jean Lapierre, refuse de se réjouir trop vite. «Une hirondelle ne fait pas le printemps», dit-il. Il veut attendre de voir la tendance qui se dégagera d'autres sondages avant de porter un jugement.
«Il nous faudrait quelques points de plus pour atteindre notre zone de confort», confie une autre source libérale, en soulignant l'appui du Bloc chez les francophones. Le Bloc récolterait l'appui de 44 % des francophones et les libéraux, 37 %. Avec des résultats du genre, le PLC et le BQ seraient revenus à leur niveau des élections de 2000, où ils ont obtenu respectivement 36 et 38 sièges.
Or, les libéraux veulent faire mieux pour compenser les pertes inévitables ailleurs au pays. La formation d'un gouvernement majoritaire en dépend. La fin de la division du vote de droite pourrait priver les libéraux d'une vingtaine de sièges en Ontario. La percée espérée dans l'Ouest est aussi pratiquement oubliée depuis le scandale des commandites.
Mais c'est au Québec que ce scandale a fait le plus de mal aux libéraux. La chute de popularité y a été brutale et on n'a pratiquement pas vu de correction dans les sondages. Sauf un, réalisé par CROP en février et qui a eu peu d'écho. Il montrait que les libéraux et les bloquistes étaient coude à coude.
Le scandale des commandites crée encore des vagues mais ne domine pas le palmarès des préoccupations. La santé demeure le sujet de préoccupation numéro un des Québécois avec 71 % des répondants qui l'inscrivent parmi les défis importants à relever. Le scandale des commandites (12 %) arrive au quatrième rang, à égalité avec la gestion de l'économie et un point devant la lutte à la pauvreté.
Environ 48 % des personnes interrogées ont pourtant indiqué que le dossier des commandites aurait une influence importante sur leur vote. Ça reste moins que la capacité d'améliorer les programmes sociaux (75 %), de gérer l'économie (65 %) et d'entretenir de bonnes relations avec les provinces (54 %).
L'échantillon était de 811 personnes, interrogées entre les 8 et 12 avril, et la marge d'erreur était de 3,4 %, 19 fois sur 20.