Le Bloc sera prêt, peu importe la date des élections
Le chef du Bloc québécois, qui était de passage à Montréal hier au terme d'une tournée du Québec, ne se formalise pas d'un éventuel report des élections à l'automne.
«M. Martin voulait un mandat pour mettre en oeuvre son programme ambitieux, maintenant il veut gouverner. S'il veut un mandat, on est prêts; s'il veut gouverner, on est d'accord, il est premier ministre. [...] Nous sommes prêts à les battre en mai, en juin, en septembre, en octobre. Qu'ils choisissent la date de leur défaite», a déclaré Gilles Duceppe, qui vise une majorité de sièges au Québec.À défaut d'élections, il espère que le menu législatif sera un peu plus substantiel que ne l'ont laissé entrevoir le discours du Trône et le dernier budget. «S'il [Paul Martin] veut régler des choses, on sera les premiers à applaudir. On a beaucoup de recommandations à lui faire sur l'assurance-emploi, le déséquilibre fiscal, la santé, pour dire la vérité sur les commandites, pour mettre en oeuvre Kyoto. On va applaudir à tout ce qui sera dans l'intérêt des Québécoises et des Québécois», a poursuivi Gilles Duceppe, entouré de ses 15 candidats montréalais.
Gouvernement minoritaire
Alors que les sondages laissent entrevoir un éventuel gouvernement minoritaire, le chef du Bloc n'exclut pas la participation de sa formation à un gouvernement de coalition. «On ne peut rien exclure en démocratie. On s'est retrouvés opposition officielle en 1993, on n'avait pas prévu cela. On va garder la même attitude: on appuiera tout ce qui est bon pour le Québec et on s'opposera à tout ce qui n'est pas bon», a-t-il affirmé, précisant que le Bloc avait déjà voté à quelques reprises avec le gouvernement.
Dévoilant un pan de sa plate-forme régionale, le Bloc québécois invite le gouvernement à investir massivement dans les infrastructures routières de la métropole, en renonçant cependant à passer par-dessus la tête du gouvernement provincial pour traiter directement avec les municipalités. Les candidats montréalais proposent également de favoriser les transports en commun, notamment en créant une déduction fiscale sur les cartes d'autobus-métro et en abolissant la surtaxe sur l'essence, qui a rapporté 900 millions depuis 1998. On libérerait ainsi «un espace fiscal que le gouvernement du Québec, s'il le juge nécessaire, pourrait utiliser pour financer les transports en commun», a expliqué M. Duceppe.
Le Bloc québécois a pratiquement complété la ronde des investitures. Seulement cinq candidats restent à être confirmés officiellement, dont trois qui le seront après le déclenchement des élections. À Montréal, outre les députés sortants (Réal Ménard, Francine Lalonde, Bernard Bigras et Gilles Duceppe), la brochette de candidats comprend neuf jeunes de moins de trente-cinq ans (François Rebello dans Outremont, Martine Carrière dans Papineau, Thierry Saint-Cyr dans Jeanne-Le Ber, Éric Saint-Hilaire dans Honoré-Mercier, Thierry Larrivée dans LaSalle-Émard, Vincent Gagnon dans Mont-Royal, Maxime Côté dans Lac-Saint-Louis et Marie-Hélène Brunet dans Pierrefonds-Dollard) ainsi que trois membres des communautés culturelles (Maria Mourani dans Ahuntsic, William Fayad dans Saint-Laurent-Cartierville et Paul-Alexis François dans Saint-Léonard-Saint-Michel).