Affaire Cherfi: demande de rencontre avec trois ministres
En marge de l'audience devant un tribunal américain de l'immigration hier à Batavia, dans l'État de New York, le Comité de solidarité avec Mohammed Cherfi a sollicité une rencontre d'urgence avec les ministres fédéraux et québécois de l'Immigration et de la Sécurité publique pour trouver une solution afin que Cherfi soit rapatrié au pays.
La conjointe de Cherfi entretient peu d'espoir quant à la demande de statut de réfugié que son avocat a l'intention de formuler devant une cour américaine. «Environ 95 % des demandes sont refusées dans le district de Buffalo», a expliqué hier Louise Boivin, qui s'était rendue à Batavia pour assister à l'audience. Le juge a accordé jusqu'au 6 mai à l'avocat de Cherfi pour préparer son dossier.Selon Mme Boivin, le ministre de l'Immigration du Canada de l'époque, Denis Coderre, a refusé le dernier recours de Cherfi le 12 décembre dernier, l'Évaluation des risques avant renvoi (ERAR), alors que Québec étudiait toujours le dossier. Au dire de la conjointe de Cherfi, le ministère québécois des Relations avec les citoyens et de l'Immigration envisageait encore la possibilité d'octroyer à Cherfi un certificat de sélection conditionnel à ce qu'une personne se porte garante de sa situation financière.
Au bureau de la ministre québécoise, Michelle Courchesne, on réfute cette allégation, assurant que «tout s'est fait dans les règles, dans un souci d'équité et avec compassion». À Ottawa, le porte-parole d'Immigration Canada, Robert Gervais, précise qu'il ne peut commenter un cas particulier mais souligne qu'aucune décision sur les demandes d'ERAR n'est prise tant que le ministère québécois n'a pas donné de réponse définitive.
Celui qui avait pris la tête du Comité des sans-statut algériens avait trouvé refuge en février dans une église de Québec, pour échapper à son expulsion vers les États-Unis. Dans un geste sans précédent, la police l'a arrêté dans l'église le 6 mars dernier pour le livrer aux autorités d'Immigration Canada, lesquelles l'ont ensuite expulsé aux États-Unis.