Jagmeet Singh séduit les donateurs du NPD

La popularité de Jagmeet Singh dans la course à la chefferie du NPD se confirme. L’aspirant chef devance de loin ses trois rivaux en matière de financement, et ce, même au Québec.
Au cours du seul deuxième trimestre de 2017, Jagmeet Singh a récolté 353 944 $ auprès de 1501 donateurs. Son plus proche adversaire, Charlie Angus, n’a réuni que le tiers de ces sommes, avec 123 575 $ de la part de 1080 donateurs. Suivent loin derrière Niki Ashton, qui a amassé 70 124 $ auprès de 838 donateurs, et le Québécois Guy Caron dont la campagne a obtenu 46 970 $ de 472 donateurs.
Puisqu’il ne s’est lancé dans la course à la chefferie du NPD qu’à la mi-mai, M. Singh n’avait pas pu enregistrer de dons avant ce second trimestre. N’empêche, il demeure en tête du financement même si on compare son bilan des mois d’avril, mai et juin à celui des trois autres candidats depuis le début de leur propre course — Charlie Angus affiche un total de 234 240 $, Niki Ashton de 135 645 $ et Guy Caron de 104 205 $.
Ces deux derniers se sont versé un don personnel de 25 000 $ au printemps.
« Une course entre Jagmeet Singh et Charlie Angus semble se confirmer », observe Karl Bélanger, un ancien stratège de longue date du Nouveau Parti démocratique. Cela dit, une grosse caisse électorale ne garantira pas pour autant une victoire au scrutin préférentiel du parti, note-t-il.
« Même s’il y a une corrélation entre la capacité de récolter des fonds et la capacité de faire sortir son vote, ce n’est pas nécessairement automatique. Et la distance n’est pas si grande au point qu’elle devienne insurmontable. »
Et c’est la lecture que fait la campagne du candidat Charlie Angus. Celui-ci a réussi à amasser un peu plus de 100 000 $ à chacun des deux trimestres de 2017, soit la cible qu’affirme s’être fixée son équipe.
« C’est très stable, c’est solide », argue le codirecteur de la campagne, Jesse Brady, qui note qu’il ne mesure pas la popularité de son poulain uniquement selon les sous, mais aussi en nombre de membres qui appuieront assurément Charlie Angus au moment du vote cet automne.
Le camp de Jagmeet Singh plaide en revanche qu’environ 75 % de ses donateurs sont des électeurs qui n’avaient encore jamais fait de don au NPD. Signe que le député du NPD provincial ontarien sait séduire de nouveaux venus, a-t-il fait valoir par voie de communiqué. « Nous donnons à notre parti les moyens de sa croissance », a-t-il réagi par écrit lundi.
Une course entre Jagmeet Singh et Charlie Angus semble se confirmer
Singh mène au Québec
Jagmeet Singh a devancé à la collecte de fonds ses trois rivaux dans la course dans les deux provinces comptant le plus de membres néodémocrates — soit la Colombie-Britannique et l’Ontario —, qui à elles seules comptaient les deux tiers des membres du NPD selon les dernières données obtenues par Le Devoir.
Le Québec ne comptait que 2000 des quelque 50 000 membres du parti. Mais là aussi, bien que des anciens députés québécois se soient inquiétés qu’un NPD dirigé par un candidat sikh pratiquant comme Jagmeet Singh signe l’arrêt de mort du parti dans la province, celui-ci a néanmoins été le plus populaire des quatre candidats.
Jagmeet Singh arrive le premier en y ayant récolté 27 970 $, loin devant l’unique candidat québécois de la course Guy Caron, qui s’est accumulé 10 255 $, révèlent les données de financement du second trimestre dévoilées lundi par Élections Canada. Tous deux ont toutefois convaincu sensiblement le même nombre de donateurs de leur faire confiance — 97 personnes pour M. Singh, contre 100 pour M. Caron.
Le député de Rimouski ne se décourage pas pour autant, se disant « très heureux » d’avoir dépassé les 100 000 $ de financement depuis le début de sa candidature. « Cela témoigne que notre campagne est en croissance, et ce, malgré un faible taux de notoriété au départ », a argué M. Caron par écrit.
Début juillet, Peter Julian avait jeté l’éponge en citant notamment une collecte de fonds décevante au printemps. Il aura terminé sa courte course avec près de 80 000 $. Alors qu’il menait en Colombie-Britannique au premier trimestre de l’année, où il avait récolté plus de 35 000 $, il y a été délogé par Jagmeet Singh au second trimestre alors que celui-ci a reçu 37 000 $, loin devant Peter Julian, qui y a amassé 14 800 $.
M. Singh surpasse aussi Charlie Angus en Ontario, où ce dernier menait au premier trimestre en y ayant récolté 90 000 $, tandis qu’il a été relégué au second rang des appuis monétaires au second trimestre avec 95 760 $ loin derrière Jagmeet Singh, qui y a amassé 276 450 $.
Les deux prétendants qui traînent de la patte en matière de financement n’ont pas pour autant admis qu’ils craignaient que Jagmeet Singh soit déjà irrattrapable. D’une part parce qu’il aurait commencé à récolter des dons de façon officieuse dès l’automne, mais que, compte tenu de son entrée tardive dans la course, ceux-ci ont tous été comptabilisés au second trimestre. Ce qui donne l’impression d’une grosse enveloppe en peu de temps.
Niki Ashton et Guy Caron plaident en outre avoir récolté d’importants dons au mois de juillet — des chiffres qui ne sont pas comptabilisés aux données du second trimestre, rendues publiques lundi. Guy Caron parle d’une « croissance marquée ». Niki Ashton prétendait, la semaine dernière, avoir déjà amassé près de 100 000 $ au cours du mois.
« Ça montre le momentum, qui est croissant », a-t-elle martelé au Devoir lundi, en notant par ailleurs que ses donateurs étaient plus modestes, mais tout aussi motivés et prêts à collaborer avec « leur temps et leur appui ». Mme Ashton arrive première au financement dans les trois provinces des Prairies.
La dernière étape
Les aspirants chefs sont également en pleine campagne de recrutement de nouveaux membres, lesquels auront jusqu’au 17 août pour rejoindre le NPD et ainsi obtenir le droit de vote pour la course à la chefferie.
« Les 17 prochains jours sont importants parce que les campagnes doivent signer le plus de membres possible. Ce qui est, à ce moment-ci, encore plus important, à tout le moins pour les deux prochaines semaines, que les données financières », note Karl Bélanger. Il faudra ensuite voir s’il y a un mouvement en faveur de l’un ou l’autre des candidats.
Les néodémocrates voteront par bulletin préférentiel, par la poste ou par vote électronique à compter de la mi-septembre. Les résultats seront dévoilés un tour à la fois, une fois par semaine, à compter du 1er octobre.
Les membres qui voteront sur Internet pourront modifier l’ordre de leur bulletin préférentiel lors de chacun des tours. Le prochain chef sera choisi lorsqu’un des candidats remportera une majorité simple, avec 50 % +1 des votes.