REM: aucun contenu canadien n’est exigé

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et son homologue fédéral, Justin Trudeau
 
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et son homologue fédéral, Justin Trudeau
 

Au moment où Ottawa confirmait jeudi son engagement financier dans le Réseau électrique métropolitain (REM), les gouvernements Trudeau et Couillard faisaient front commun pour justifier la décision de ne pas exiger un minimum de contenu canadien dans la construction de ce projet, pour lequel 2,6 milliards de dollars de fonds publics seront investis.

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé jeudi que le fédéral injectera 1,28 milliard dans le REM, le projet de train de la région de Montréal piloté par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). Il a ainsi annoncé que son gouvernement sera un « partenaire » de la Caisse de dépôt, qui compte investir 2,67 milliards dans le projet, mais aussi du gouvernement du Québec, qui a pour sa part annoncé un investissement de 1,28 milliard.

Les trois partenaires dans le financement du projet ont d’ailleurs tous défendu la décision de ne pas exiger de contenu canadien dans cet imposant projet de 5,5 milliards de dollars, contrairement à la pratique courante pour plusieurs projets d’infrastructure de transport.

Photo: Caisse de dépôt et placement du Québec

Pourquoi ne pas demander un minimum de contenu canadien dans le projet du REM ? « Tout simplement pour livrer ce projet très important au meilleur prix et au meilleur niveau de services pour les Montréalais », a répondu le président et chef de la direction de la Caisse de dépôt, Michael Sabia.

Ce dernier a aussi précisé que 14 des 18 entreprises présentes dans les consortiums en lice pour obtenir les deux contrats du REM sont des entreprises canadiennes, ou alors des filiales canadiennes d’entreprises étrangères. « Nous avons une concentration importante d’expertises canadiennes et d’expertises québécoises », a insisté M. Sabia.

Un point de vue que partage le premier ministre Philippe Couillard, qui s’est dit « très confiant des retombées économiques de ce projet » pour le Québec. Le chef libéral a aussi réitéré que le projet est piloté par la Caisse et que celle-ci est « indépendante » du gouvernement du Québec. Il s’agit néanmoins du plus important investissement institutionnel de la province, qui gère les fonds de retraite de millions de Québécois.

Contenu canadien

 

À Québec, les partis d’opposition ont critiqué la décision de ne pas exiger de contenu canadien pour le REM. Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a ainsi rappelé qu’aux États-Unis, on exige pas moins de 60 % de contenu américain dans les projets d’infrastructure de transport collectif. « Pourquoi tous les gouvernements font ça ? Parce que ça amène des emplois manufacturiers, qui amènent des revenus additionnels aux gouvernements », a-t-il ajouté.

Le chef péquiste Jean-François Lisée a lui aussi dénoncé l’absence d’une exigence minimale de contenu local. « Il n’y a aucun signal du gouvernement Couillard et, d’après ce qu’on voit, aucun signal du gouvernement Trudeau de protéger nos propres emplois. » Il a rappelé que l’Agence métropolitaine de transport a accordé récemment un important contrat à une entreprise chinoise.

Philippe Couillard a par ailleurs promis que les travaux de construction de ce réseau de 27 stations réparties sur 67 kilomètres de voies ferroviaires devraient débuter cet automne, tandis que la mise en service est prévue « dès la fin de 2020 ». Le gouvernement libéral a d’ailleurs déposé un projet de loi en mai dernier pour empêcher les citoyens de contester leur expropriation devant les tribunaux.

Et si le financement fédéral est d’abord une « subvention » qui s’inscrit dans le cadre du soutien aux infrastructures, le projet REM sera aussi soumis à la Banque de l’infrastructure du Canada. Si celle-ci accepte de financer le projet, le montant pourrait être utilisé dans le cadre d’autres projets au Québec.

En point de presse, Justin Trudeau a d’ailleurs mentionné la réalisation éventuelle d’un « projet de transport collectif » dans la région de Québec, ou encore le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal, un projet auquel il s’est dit « très ouvert ». Dans ce cas, a rappelé jeudi le ministre des Transports Laurent Lessard, il y aura une exigence de 25 % de contenu canadien.

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