Le Canada et les États-Unis toujours loin d’une entente

Le cinquième conflit sur le bois d’oeuvre ne semble pas près de se régler. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a fait savoir lundi que les positions du Canada et des États-Unis demeurent pour l’instant « assez éloignées », tandis que le gouvernement Couillard se prépare ouvertement à une guerre d’usure.
De passage à Montréal lundi pour prononcer un discours lors du lancement de la 23e Conférence de Montréal, la ministre Freeland a indiqué que les progrès ont été rares à la table de négociation depuis le déclenchement du conflit. « Les positions du Canada et des États-Unis sont assez éloignées l’une de l’autre, mais la bonne nouvelle, c’est que les négociations continuent », a-t-elle affirmé.
La ministre Freeland, qui est responsable du dossier du bois d’oeuvre, a réitéré la position du gouvernement Trudeau, en soutenant que les droits compensateurs d’environ 20 % imposés à la grande majorité des producteurs canadiens sont « punitifs et injustes ».
« Je pense qu’un accord négocié est la meilleure solution pour le Canada, les États-Unis, mais surtout les consommateurs américains. Le marché américain a besoin de notre bois d’oeuvre, c’est une nécessité économique », a-t-elle ajouté.
Mme Freeland a malgré tout salué l’engagement du secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, en précisant qu’elle entretient des contacts « très réguliers » avec lui et les autres représentants des États-Unis.
Québec prêt pour un long conflit
Également présent à la Conférence de Montréal, le premier ministre Philippe Couillard a dit ne pas être surpris de voir qu’un fossé sépare toujours le Canada et les États-Unis.
« Personne n’avait l’illusion que ce serait facile », a-t-il observé, en répétant que les Américains ont tort d’affirmer que le bois d’oeuvre canadien est subventionné. « Quand les prémisses d’une position sont fragiles, c’est difficile de faire des progrès. Mon espoir, c’est que [les Américains] constatent de leur côté de la frontière les impacts négatifs de ce genre de politique sur leur économie. »
Nous allons soutenir nos entreprises et nos travailleurs jusqu’à la fin
Le gouvernement du Québec a récemment offert 300 millions de dollars en garantie de prêt aux producteurs québécois affectés par le conflit, et il a réitéré lundi qu’il ne les laisserait pas tomber.
« Nous allons soutenir nos entreprises et nos travailleurs jusqu’à la fin. Je répète, jusqu’à la fin, a martelé M. Couillard. Si [les Américains] pensent qu’ils vont nous épuiser et qu’on va “lancer la serviette”, ils se trompent. »
Présente à ses côtés, la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a souligné que le gouvernement se prépare à l’éventualité d’un long conflit, et qu’il pourra augmenter l’aide déjà annoncée si le besoin se fait sentir.
Une délégation de syndicalistes affiliés aux Métallos et provenant du Québec et du reste du Canada se sont par ailleurs rendus à Washington lundi pour rencontrer des membres du Congrès et plaider à leur tour en faveur d’une entente négociée.
Complications à venir ?
Le conflit du bois d’oeuvre pourrait s’envenimer d’ici la fin du mois, alors que le département du Commerce devrait prendre une décision préliminaire sur l’imposition de droits antidumping, qui s’ajouteraient aux droits compensateurs déjà annoncés.
Selon un rapport publié à la fin de mai par le Conference Board du Canada, ces droits compensateurs pourraient retrancher près de 700 millions de dollars aux bénéfices des compagnies canadiennes de l’industrie du bois d’oeuvre en l’espace de deux ans.
Le groupe de recherche estime que les droits payés, selon les niveaux actuels d’exportation, coûteront 1,7 milliard de dollars par année aux producteurs canadiens d’ici à ce qu’une entente commerciale soit conclue.