En Colombie-Britannique, le NPD compte sur les verts pour gouverner

Le temps de Christy Clark à la tête de la Colombie-Britannique est maintenant compté. Les chefs du NPD et du Parti vert ont annoncé lundi qu’ils avaient conclu un pacte de collaboration pour former un gouvernement en remplacement des libéraux, au pouvoir depuis 2001.
« Aujourd’hui est un jour historique pour le Parti vert de Colombie-Britannique », en a lancé le chef, Andrew Weaver. « Nous avions une décision difficile à prendre. Une décision que nous estimons dans le meilleur intérêt de la population de la Colombie-Britannique. Et nous avons décidé que les verts travailleront avec le NPD pour fournir un gouvernement minoritaire stable pour les quatre prochaines années. »
Le chef néodémocrate, John Horgan, a indiqué que ce serait une alliance — et non une coalition — lui garantissant l’appui des verts lors des votes de confiance. « Nous avons maintenant, avec nos 41 députés et les trois verts, la majorité à la législature, et nous le ferons savoir à la lieutenante-gouverneure au cours des prochains jours. » Les verts ne feront pas partie du gouvernement, d’où cette idée qu’il s’agira d’une minorité.
L’élection provinciale de Colombie-Britannique a débouché sur une situation des plus inédites alors que les libéraux de Mme Clark ont remporté 43 sièges et que la majorité se situe à 44. Ensemble, le NPD et le Parti vert arrivent tout juste à ce chiffre magique.
Deux possibilités sont envisageables. Ou bien Mme Clark forme un gouvernement, présente un discours du Trône et perd la confiance de la législature dès qu’il est soumis aux voix (ce qui pourrait prendre quelques semaines, voire quelques mois, puisque le congé estival arrive). Ou bien elle reconnaît sa défaite parlementaire inéluctable et démissionne immédiatement.
Pour l’instant, il n’est pas envisageable que M. Horgan, du NPD, accède directement au poste de premier ministre. Le bureau de la lieutenante-gouverneure de la province a indiqué au Devoir que la tradition dans une telle situation veut que ce soit le premier ministre sortant qui soit invité à former le gouvernement. « Il serait inapproprié à ce moment-ci que la lieutenante-gouverneure s’entretienne avec l’opposition », indique un représentant qui ne désire pas être nommé.
Mme Clark, est restée vague sur ses intentions. « En tant que gouvernement sortant et parti détenant le plus de sièges dans la législature, nous avons la responsabilité de considérer avec soin les prochaines étapes. Je consulterai notre caucus sur ces prochaines étapes », indique-t-elle dans un communiqué de presse.
Tout repose sur la crédibilité de l’entente qui lie les deux partis d’opposition, estime le professeur de sciences politiques à la University of British Columbia, Max Cameron. « C’est la prérogative de la lieutenante-gouverneure de proposer au NPD de former un gouvernement si elle estime que les libéraux n’ont pas une chance réelle. » Cette entente ne sera rendue publique que mardi. On y apprendra ce que les verts ont obtenu en échange de son appui.
Le Parti vert avait posé trois conditions : l’obtention d’une réforme du système électoral pour adopter la proportionnelle ; l’interdiction de dons d’entreprises ou de syndicats aux partis politiques et l’imposition de plafonds aux dons de particuliers ; ainsi que la reconnaissance comme parti officiel au Parlement, bien qu’ils aient trois élus plutôt que les quatre requis. M. Weaver a reconnu qu’il était en discussion autant avec les néodémocrates que les libéraux, et que les discussions avec ces derniers avaient encore eu lieu tard dimanche soir.
Et le président ?
Autre enjeu de taille, l’élection d’un président de l’Assemblée législative. Généralement, un gouvernement aime avoir un président provenant de ses rangs. Mais dans ce cas-ci, s’il devait être néodémocrate ou vert, les forces en présence seraient égales : 43 députés de part et d’autre.
Les deux partis d’opposition pourraient-ils se liguer pour cibler un député libéral et l’élire pour ainsi faire perdre une précieuse voix à Mme Clark ? Le professeur Cameron ne le pense pas. « En faisant cela, vous abandonnez le contrôle de l’ordre du jour », dit-il, soulignant qu’en cas d’égalité, c’est le président qui tranche, « ce qui risque d’arriver plus souvent ».