Le Parti vert obtient la balance du pouvoir en Colombie-Britannique

Andrew Weaver, chef du Parti vert, a posé ses conditions non négociables dans sa négociation avec les autres partis.
Photo: Chad Hipolito La Presse canadienne Andrew Weaver, chef du Parti vert, a posé ses conditions non négociables dans sa négociation avec les autres partis.

Grande première en Colombie-Britannique : le Parti vert ne détient rien de moins que la balance du pouvoir. Les résultats de l’élection provinciale ont été confirmés cette semaine, n’octroyant qu’un gouvernement minoritaire au Parti libéral de Christy Clark et confiant au Parti vert un rôle qu’il n’a jamais occupé auparavant au pays.

La province de l’Ouest était dans l’incertitude depuis deux semaines, le temps que son agence électorale recompte les résultats archi-serrés d’une circonscription et qu’elle épluche les milliers de bulletins d’électeurs qui avaient voté par la poste ou dans une circonscription autre que la leur.

Finalement, le verdict a été le même que celui, préliminaire, du soir de l’élection du 9 mai : les libéraux de la première ministre sortante, Christy Clark, ont conservé 43 sièges, tandis que le NPD en a gagné 41 et le Parti vert, 3. Il faut 44 élus pour détenir une majorité à l’Assemblée législative de la province, qui en compte 87.

« C’est une responsabilité énorme », consentait le chef du Parti vert, Andrew Weaver, sur les ondes d’une radio locale, CKNW. Car avec ses trois élus, M. Weaver peut maintenir en poste les libéraux de Christy Clark ou les renverser en s’alliant au NPD. Les discussions sont en cours avec les deux partis.

« On reconnaît qu’il est important au cours de la prochaine semaine […] d’offrir un degré de certitude à la Colombie-Britannique et c’est notre objectif », a fait valoir le chef des verts, qui espère s’entendre avec l’un ou l’autre de ses rivaux d’ici mercredi prochain.

Coalition ou entente à la pièce

Le parti se dit prêt à toute éventualité : une coalition formelle avec le NPD ou le Parti libéral, ou une entente à la pièce avec l’un d’eux en vertu de laquelle le Parti vert garantirait son appui aux votes de confiance, mais pas pour autant lors de votes sur d’autres mesures ou projets de loi.

C’est cette seconde façon de faire qui avait permis aux conservateurs de Stephen Harper de rester au pouvoir comme gouvernement minoritaire de 2006 à 2011.

Affinités démocrates

 

Les verts ont trois demandes, non négociables : une réforme du système électoral pour adopter la proportionnelle ; l’interdiction de dons d’entreprises ou de syndicats aux partis politiques et l’imposition de plafonds aux dons de particuliers ; et être un parti reconnu au Parlement, bien qu’ils aient trois élus plutôt que les quatre requis.

Le NPD partage les deux premières demandes, de même que plusieurs positions environnementales en s’opposant notamment au projet d’oléoduc Trans Mountain de Kinder Morgan. Mais M. Weaver a fait valoir, sur les ondes de CKNW, que son parti partageait en revanche avec les libéraux « une plateforme économique ancrée dans une nouvelle économie ». Et étant donné qu’elle a hérité du premier gouvernement minoritaire en 60 ans dans la province, Mme Clark pourrait se montrer très ouverte à négocier, estime-t-on au Parti vert.

La première ministre a bien l’intention de tenter de gouverner, puisque son parti a fait élire le plus grand nombre de députés et qu’il a donc, selon elle, « la responsabilité d’aller de l’avant et de former le gouvernement ».

Le chef du NPD, John Horgan, martèle cependant depuis l’élection que le Parti libéral n’a ni une majorité à l’Assemblée législative ni une majorité du vote populaire.

« Je suis en discussions avec le chef du Parti vert et son équipe et j’ai bon espoir que nous parviendrons à concevoir une plateforme qui aura la majorité des appuis à l’Assemblée », a-t-il prévenu.

Même si elle obtient au départ l’appui des verts, Christy Clark demeurera en situation délicate.

La chef du Parti libéral pourrait rapidement perdre le pouvoir, comme ce fut le cas pour le progressiste-conservateur Mike Miller, qui avait été renversé en Ontario six semaines après l’élection de 1985 par le Parti libéral de David Peterson et le NPD de Bob Rae.

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