Trois villes du Québec ciblées par l'enquête fédérale sur les femmes autochtones

Environ 10 % des autochtones du Canada vivent au Québec. La Colombie-Britannique en compte trois fois plus. Les membres de la commission d’enquête fédérale sur les femmes autochtones envisagent de tenir des audiences dans trois municipalités du Québec, mais rien n’est moins sûr.
Photo: Jonathan Hayward La Presse canadienne Environ 10 % des autochtones du Canada vivent au Québec. La Colombie-Britannique en compte trois fois plus. Les membres de la commission d’enquête fédérale sur les femmes autochtones envisagent de tenir des audiences dans trois municipalités du Québec, mais rien n’est moins sûr.

La commission d’enquête fédérale sur les femmes autochtones a dans sa mire trois villes québécoises : Val-d’Or, Sept-Îles et Montréal. Mais même ces quelques arrêts en territoire québécois semblent ambitieux, confie-t-on au Devoir, alors que la commission envisage ces jours-ci de retarder le début de ses audiences après une première étape de consultation houleuse la semaine dernière.

L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées n’a pas encore fixé son calendrier d’audiences publiques. Les commissaires en sont encore aux ébauches. Mais ils envisageraient pour l’instant de s’arrêter dans trois villes québécoises, selon une source du Devoir.

« La question, c’est : est-ce qu’ils vont avoir assez de temps pour faire trois villes au Québec », s’inquiète cependant déjà cette source bien au fait des pourparlers. Car le Québec ne compte qu’environ 10 % de la population autochtone du pays. La Colombie-Britannique compte trois fois plus de membres des Premières Nations et devrait, à ce compte-là, accueillir la commission d’enquête dans neuf villes ou communautés. Sur un calendrier d’audiences de quelques semaines, « ça m’apparaît objectivement beaucoup », explique notre source. Car chaque destination aurait probablement droit à deux journées et demie d’audiences publiques, qui nécessiteraient deux semaines de préparation, explique-t-on.

Une seconde commission d’enquête provinciale sur les relations entre les policiers et les autochtones — présidée par l’ancien juge à la retraite Jacques Viens — ratissera elle aussi le territoire québécois. Mais, en vertu de son mandat, elle n’étudiera que les faits des 15 dernières années. Le mandat fédéral n’a pas de telle limite temporelle.

Une visite à Val-d’Or par l’une des commissions n’exclut donc pas d’entrée de jeu une visite de l’autre, indique-t-on. Surtout que Val-d’Or représente un « cas type » pour l’enquête fédérale puisqu’elle se penchera sur les relations entre les Premières Nations, de même qu’entre celles-ci et les systèmes policier et juridique — trois dynamiques présentes dans cette ville de l’Abitibi. Idem pour Sept-Îles, note-t-on à la commission fédérale. Tandis que Montréal est un gros centre pour les autochtones hors réserve.

Neuf semaines d’audiences ?

Le calendrier de l’Enquête fédérale est serré. Un rapport intérimaire est attendu en novembre et les commissaires espèrent, du moins pour l’instant, clore les audiences publiques avant. S’ajoutent les réalités et coutumes autochtones, qui empêchent d’abattre une grande somme de travail pendant les mois d’été, au cours desquels plusieurs membres des communautés partent à la chasse à l’outarde ou à la pêche au saumon, notent des sources à la commission. « Tenir des rencontres avec des conseils de bande, on peut le faire. Mais obtenir de la qualité [pour ce qui est des témoignages] dans ces deux mois-là, qui sont bouleversés par les habitudes culturelles ou traditionnelles, c’est très, très hypothétique », relate notre source.

Les audiences risquent donc d’être condensées de la fin de mai à la mi-juin, pour ne reprendre qu’aux mois de septembre et octobre.

Ce calendrier pourrait toutefois être retardé. La première rencontre de consultation régionale, à Whitehorse la semaine dernière, a fait des déçus — qui espéraient dès lors raconter leur histoire aux commissaires, alors que ceux-ci consultaient d’abord seulement les familles pour préparer les audiences subséquentes. Ces réunions de consultation ont donc été reportées à des dates indéterminées. Et le début des audiences publiques — prévu fin mai — se retrouve désormais en suspens lui aussi.

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