Le Bloc québécois pourrait rémunérer son chef

«Je continuerai d’être présente dans ma circonscription», a lancé Martine Ouellet en point de presse lundi.
Photo: Pedro Ruiz Le Devoir «Je continuerai d’être présente dans ma circonscription», a lancé Martine Ouellet en point de presse lundi.

« Il n’y en a pas, de problème. » La députée provinciale et aspirante chef fédérale, Martine Ouellet, ne comprend pas les critiques dont son projet de double emploi fait l’objet. Il y a pourtant unanimité sur la question à l’Assemblée nationale. Et le Bloc québécois signale pour sa part qu’il pourrait offrir un salaire à son prochain chef.

« En regardant les avantages et les inconvénients, je pense qu’il serait préférable qu’elle ne siège pas à Québec tout en étant chef du Bloc à Ottawa,a notamment indiqué le chef péquiste Jean-François Lisée lundi. Et je pense qu’il est tout à fait possible de trouver au Bloc québécois une façon de financer un salaire adéquat pour Martine en attendant la prochaine élection. »

Vérification faite par Le Devoir, le Bloc québécois serait effectivement disposé à rémunérer celui ou celle qui sera élu chef le 22 avril prochain. « On a l’argent,indique le directeur général du parti, Steven Héroux. Le bureau national pourrait prendre la décision de donner un salaire. » Même son de cloche auprès du président (et ex-chef) du parti, Mario Beaulieu. « Financièrement, il n’y a pas de problème. Le Bloc est en mesure de donner un salaire. On [verra] ça avec la personne qui va être élue. »

M. Beaulieu n’a pas voulu dire lundi ce qu’il pense du plan Ouellet de travailler sur deux paliers jusqu’aux prochaines élections provinciales. Mais l’actuel chef intérimaire du Bloc, Rhéal Fortin, n’est pas chaud à l’idée d’un cumul des tâches. « J’aurais préféré qu’elle n’occupe pas les deux fonctions, mais je n’irai pas plus loin parce que je ne veux pas me mêler de la course à la chefferie », a soutenu M. Fortin.

Il pourrait y avoir une journée par semaine à Ottawa, trois jours à Québec pour siéger et trois jours dans le comté

 

À Québec, tant le premier ministre Couillard que Québec solidaire ont dénoncé lundi les intentions de Martine Ouellet. L’Association libérale de Vachon — que la députée-candidate représente — parle d’un « manque de respect » à l’égard des citoyens de la circonscription. « Si elle remporte cette course à la chefferie, je pense qu’elle doit se questionner sur sa capacité de représenter les gens de Vachon », a aussi lancé la députée et porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé. « Je pense que ses concitoyens sont à même de pouvoir s’attendre à ce que leur députée soit là à temps plein. »

Cumuler, c’est possible

Mais la principale intéressée estime pouvoir mener les deux fonctions de front. « Je continuerai d’être présente dans ma circonscription », a-t-elle dit en point de presse lundi. L’ensemble des questions des médias a porté sur ce dossier, occultant l’annonce de l’appui du député bloquiste Gabriel Ste-Marie.

Mme Ouellet a fait valoir qu’elle a « un engagement de quatre ans envers » ses électeurs et qu’elle fait « économiser 600 000 $ aux Québécois en évitant une élection partielle ».

Pour appuyer sa position, Martine Ouellet a remis en avant l’argumentaire utilisé dimanche (qualifié de « loufoque » par Gilles Duceppe) : « C’est un avantage de pouvoir faire la courroie de transmission, parce qu’actuellement, les deux gouvernements travaillent en silo » ; avoir un pied à Québec et l’autre à Ottawa permettrait de « faire de la fluidité » ; « tous les chefs de parti sont aussi députés » ; « c’est une tâche supplémentaire qui ne nous empêche pas d’être présents » auprès des électeurs, etc.

Elle a aussi présenté ce qui pourrait être un « horaire typique » de travail entre les deux capitales. « Il pourrait y avoir une journée par semaine à Ottawa, trois jours à Québec pour siéger et trois jours dans le comté », pense Mme Ouellet, qui a répété que le commissaire à l’éthique lui a dit que ce serait légal. « Il n’y en a pas, de problème. »

Quant au fait que son travail serait partagé entre deux paliers de gouvernement ? Les « dossiers se ressemblent pas mal », a-t-elle dit en évoquant Énergie Est ou les transferts en santé. Manon Massé fait toutefois valoir que ce sont « deux plateformes complètement différentes, avec des objectifs différents et des pouvoirs différents ».

Les bloquistes doivent choisir leur chef le 22 avril.

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