Neuf nouveaux sénateurs non partisans

Le premier ministre Justin Trudeau a désigné neuf nouveaux sénateurs non partisans, jeudi, ce qui le rapproche de son objectif de former une Chambre haute plus indépendante. Si les nominations de sénateurs intimement liées au parti au pouvoir ont été éliminées par les libéraux, le profil des personnes choisies demeure toutefois fort semblable à celui de l’ère conservatrice, estime un expert.

Les cinq femmes et quatre hommes proviennent de divers domaines.

 

Ils incluent un militant acadien, une spécialiste en histoire de l’art, une avocate renommée spécialisée dans les droits de la personne et un protecteur de l’environnement.

Ces nouveaux sénateurs sont les premiers choisis parmi les 2700 candidatures de Canadiens souhaitant combler l’un des 21 sièges vacants de la Chambre haute.

M. Trudeau devrait par ailleurs annoncer deux autres séries de nominations au cours des prochains jours pour pourvoir les 12 autres sièges vides — six du Québec et six de l’Ontario —, mettant du même coup, pour la première fois, les sénateurs sans affiliation partisane dans le siège du conducteur.

Lorsqu’il aura terminé, les sénateurs indépendants occuperont en effet une majorité de 44 sièges, contre 40 pour les conservateurs et 21 pour les libéraux indépendants.

Les sénateurs nommés jeudi sont :

René Cormier, francophone du Nouveau-Brunswick, président de la Société nationale de l’Acadie, ancien président de la Commission internationale du théâtre francophone, ex-directeur du Théâtre populaire d’Acadie, ancien président de la Fédération culturelle canadienne-française et ex-membre du conseil d’administration de la Conférence canadienne des arts.

Yuen Pau Woo, originaire de la Malaisie, ancien président-directeur général de la Fondation Asie-Pacifique du Canada et actuellement chercheur principal en politiques publiques à l’Institut de recherche sur l’Asie de l’Université de la Colombie-Britannique.

Patricia Bovey, historienne de l’art du Manitoba, ancienne directrice de la Winnipeg Art Gallery, ancienne membre du conseil d’administration du Musée des beaux-arts du Canada et du conseil d’administration du Conseil des arts du Canada.

Harvey Chochinov, psychiatre de Winnipeg, expert de renommée internationale en soins palliatifs.

 

Marilou McPhedran, avocate et militante pour les droits de la personne, codirectrice du Comité spécial des femmes canadiennes sur la Constitution, ancienne membre du Tribunal canadien des droits de la personne, ancienne commissaire en chef de la Commission des droits de la personne de la Saskatchewan, actuellement professeure à l’Université de Winnipeg — Global College.

Nancy Hartling, experte des droits des femmes du Nouveau-Brunswick, fondatrice de l’organisation à but non lucratif Support to Single Parents et de St. James Court, un complexe de logements abordables pour les familles monoparentales.

Wanda Thomas Bernard, travailleuse sociale de la Nouvelle-Écosse, première Afro-Néoécossaise à obtenir un poste menant à la permanence à l’Université Dalhousie et à être promue professeure titulaire, membre fondatrice de l’Association des travailleurs sociaux noirs, membre du Conseil consultatif sur la condition féminine de la Nouvelle-Écosse.

Daniel Christmas, conseiller principal pour la communauté micmaque de Membertou, en Nouvelle-Écosse, ancien directeur des services consultatifs de l’Union des Indiens de la Nouvelle-Écosse.

Diane Griffin, ancienne sous-ministre des Ressources environnementales de l’Île-du-Prince-Édouard, lauréate d’un Prix du Gouverneur général en conservation, actuellement conseillère à la Ville de Stratford, Île-du-Prince-Édouard.

Même profil

 

Ce qui frappe le plus, dans les deux premières rondes de nomination de sénateurs du gouvernement Trudeau, c’est d’abord que les candidatures « partisanes, voire hyperpartisanes n’ont pas été retenues », note le vice-doyen de la Faculté de sciences sociales de l’Université d’Ottawa, le politologue Claude Denis.

Stephen Harper, comme la plupart de ses prédécesseurs d’ailleurs, avait pris l’habitude de nommer des personnes liées de près à la marque conservatrice, qu’on pense à l’ex-journaliste et commentateur de droite Mike Duffy ou encore au sénateur Doug Finley, stratège conservateur et époux de l’ex-ministre Diane Finley.

« M. Trudeau s’éloigne de ça. Ça ne signifie pas que les gens ne sont pas teintés politiquement, mais ils n’ont pas d’association très forte avec le Parti libéral du Canada », souligne M. Denis.

Cela ne signifie pas pour autant que les idées politiques des nouveaux sénateurs ne sont pas prises en compte. « On peut s’attendre à ce que les nominations actuelles et futures soient assez près du centre, centre gauche sur les enjeux sociaux, centre droit sur les enjeux économiques. Ces considérations-là ne sont pas évacuées complètement. »

Pour le reste, les profils des candidats sont très variés sur le plan sociodémographique, comme l’avaient annoncé dès le début les libéraux.

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