Québec s’opposera à toute aide supplémentaire d’Ottawa à Muskrat Falls

Jean-Marc Fournier a affirmé que toute hausse du soutien financier d’Ottawa contribuerait à accroître la concurrence déloyale envers Hydro-Québec, qui n’a reçu aucune aide fédérale pour ses infrastructures.
Le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes Jean-Marc Fournier a déclaré qu’Ottawa nuirait aux intérêts d’Hydro-Québec en augmentant son aide financière au projet de Muskrat Falls, au Labrador.
Mercredi, M. Fournier a affirmé que toute hausse du soutien financier d’Ottawa contribuerait à accroître la concurrence déloyale envers Hydro-Québec, qui n’a reçu aucune aide fédérale pour ses infrastructures.
Dans un point de presse, avant la période des questions, M. Fournier a répété que Québec demeurera opposé.
« On l’a déjà dit et on le répète, il ne doit pas y avoir de concurrence déloyale, a-t-il dit. Tout financement, peu importe ce qui est imaginé, doit se faire dans un contexte loyal. Nous avons au Québec financé nous-mêmes nos infrastructures. »
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé, dans la nuit de mercredi, que le projet de barrage hydroélectrique à Muskrat Falls sera dorénavant supervisé par un comité d’experts indépendants composé de représentants des Autochtones et des gouvernements fédéral, provincial et municipaux.
À l’issue d’une rencontre de plus de 10 heures avec Dwight Ball, mardi, les leaders autochtones du Labrador ont demandé aux manifestants — dont certains occupent le chantier — de rentrer chez eux.
Johannes Lampe, président du Nunatsiavut, le territoire autonome géré par les Inuits du Labrador, a déclaré à sa sortie de la rencontre marathon que les progrès réalisés mardi permettraient aux opposants et aux grévistes de la faim « de retrouver leur famille, leurs amis, leurs enfants et leurs petits-enfants, parce que leurs objectifs ont été atteints ».
Quelque 2000 Inuits et allochtones vivent en aval du barrage, sur le lac Melville. Les opposants au projet soutiennent que le réservoir de 41 kilomètres carrés créé par la construction du barrage sera éventuellement contaminé par du méthylmercure, un composé organique neurotoxique produit par la décomposition des végétaux dans des eaux stagnantes.
Le comité indépendant tentera de trouver des façons de réduire cette contamination. Le gouvernement provincial accepte aussi d’envisager, si nécessaire, de racler le sol là où le réservoir sera créé. À l’issue de la rencontre avec les leaders innus, le premier ministre Ball a promis de baser dorénavant les décisions sur la recherche scientifique.
Todd Russell, président du Conseil de la communauté du NunatuKavut, estime que cette entente permettra de réduire les impacts de la contamination au méthylmercure, et ainsi de protéger l’approvisionnement alimentaire et la culture de son peuple. « Les décisions ne seront plus prises au bon gré du gouvernement, a-t-il dit. Elles seront basées sur la science et prendront en compte les connaissances ancestrales de notre peuple. »
Au moins une partie des manifestants ont indiqué qu’ils rentreraient chez eux mercredi après-midi, alors que les grévistes de la faim ont publié des photos où on les voit en train de s’alimenter.
Une cinquantaine de manifestants étaient entrés sur le chantier samedi et avaient occupé des camps de travailleurs, ce qui a poussé le promoteur à évacuer environ 700 travailleurs.
Le projet de Muskrat Falls, une initiative de la société d’État terre-neuvienne Nalcor Energy et de l’entreprise néoécossaise Emera, prévoit la construction d’une centrale ainsi que de lignes de transport qui permettront d’acheminer la production électrique jusqu’en Nouvelle-Écosse.
Les coûts de construction de la centrale hydroélectrique, estimés il y a quatre ans à 7,4 milliards $, sont passés à 11,4 milliards $. Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador a demandé à Ottawa d’étendre une garantie de prêt de 6,3 milliards $ accordée initialement à Nalcor.