Le sénateur Carignan veut munir les policiers d’un détecteur

Alors que le gouvernement Trudeau s’apprête à légaliser la marijuana, un sénateur conservateur s’inquiète du fait que les policiers du pays sont mal outillés pour serrer la vis aux conducteurs qui prennent le volant sous l’influence d’une drogue. Claude Carignan propose d’outiller tous les patrouilleurs de tests de dépistage en bord de route, tout comme ils le font depuis des années pour attraper les chauffards qui ont pris un verre de trop.
À l’heure actuelle, faute d’un test instantané lors d’un contrôle routier, les individus soupçonnés de conduire avec les facultés affaiblies par la drogue sont ramenés au poste de police où un évaluateur en reconnaissance de drogue leur fait subir quelques examens. Un processus long et accablant, selon le sénateur québécois Claude Carignan. Résultat, le crime est « largement sous-déclaré parce que la police ne dispose pas des outils dont elle a besoin pour dépister les conducteurs », a-t-il déploré lundi en présentant son projet de loi privé.
Le nombre de cas serait presque équivalent à celui des cas de conduite en état d’ébriété, selon le Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies qui rapportait qu’en 2012 la présence de drogues avait été décelée chez environ 40 % des conducteurs mortellement blessés. Or en 2013, la quasi-totalité des poursuites pour facultés affaiblies portaient sur des cas d’alcool au volant (97 %), contre seulement 3 % de cas de facultés affaiblies par la drogue. « Il y a un décalage entre la réalité et les accusations », a expliqué M. Carignan. Le problème est déjà « alarmant » et le sénateur craint qu’il ne devienne « catastrophique » lorsque la marijuana aura été légalisée. Les policiers devraient selon lui avoir en mains un appareil de dépistage par la salive. L’agent pourrait ensuite faire passer un deuxième examen aux conducteurs appréhendés, afin d’évaluer leurs facultés physiques. De tels appareils de dépistage de la drogue sont déjà utilisés en Australie, en France, en Belgique, au Royaume-Uni et en Allemagne, a noté le sénateur.
Le gouvernement libéral, qui promet un projet de loi pour légaliser la marijuana au printemps prochain, attend les recommandations d’un groupe de travail mis sur pied pour le conseiller en la matière. Le fédéral attend en outre l’avis d’un comité qui se penche précisément sur la conduite sous l’influence des drogues. « Entre-temps, la ministre [de la Justice] est ouverte à toute proposition législative », a indiqué le bureau de Jody Wilson-Raybould.
Son secrétaire parlementaire, Bill Blair, a convenu que le problème cité par le sénateur Carignan existe au pays et que son gouvernement travaille à une solution. « Quand nous aurons fait ce travail, nous présenterons des lois plus sévères et nous nous assurerons que nos forces policières et nos tribunaux aient les outils nécessaires pour déceler, dissuader et poursuivre les individus qui commettent ces infractions », a-t-il indiqué à sa sortie des Communes.