Le DGE propose de voter la fin de semaine

Dans son rapport sur l’élection du 19 octobre dernier, Marc Mayrand expose les problèmes reliés à la tenue d’élections fédérales les lundis.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Dans son rapport sur l’élection du 19 octobre dernier, Marc Mayrand expose les problèmes reliés à la tenue d’élections fédérales les lundis.

Voter le samedi ou le dimanche, pourquoi pas ? Le directeur général des élections, Marc Mayrand, propose de renoncer aux scrutins les lundis histoire de faciliter la logistique pour Élections Canada. Les chefs des partis politiques fédéraux ne sont pas contre, mais n’adhèrent pas à l’idée d’emblée non plus.

Dans son rapport sur l’élection du 19 octobre dernier, Marc Mayrand expose les problèmes reliés à la tenue d’élections fédérales les lundis. « Afin de laisser aux électeurs suffisamment de temps pour voter, les bureaux de scrutin doivent être ouverts avant et après les heures de travail. Les bureaux de scrutin sont donc presque vides pendant une grande partie de la journée pour devenir soudainement très achalandés en fin de journée », écrit-il, ce qui entraîne des problèmes pour les travailleurs d’élection et « de l’attente et de la frustration pour les électeurs ».

De plus, la tenue du vote un jour de semaine diminue « considérablement » le nombre de travailleurs qualifiés disponibles pour organiser le scrutin. (En 2015, Élections Canada a embauché 285 000 personnes.) Il serait aussi plus facile de réquisitionner des écoles ou des bureaux municipaux la fin de semaine, plaide M. Mayrand. Pour des raisons de sécurité, il est en effet de plus en plus difficile de convaincre les directeurs d’école de donner l’accès à leurs locaux en présence des élèves. « Pour toutes ces raisons, Élections Canada est d’avis que la tenue du scrutin durant la fin de semaine servirait mieux les intérêts des Canadiens. »

Au bureau de la ministre responsable des Institutions démocratiques, Maryam Monsef, on indique ne pas avoir de position officielle sur le sujet pour l’instant. Interpellée, la ministre de la Santé, Jane Philpott, s’est dite ouverte à l’idée, mais a fait valoir que d’autres propositions circulent aussi. « Lors de la rencontre [à propos de la réforme électorale] dans ma circonscription, des gens ont jonglé avec l’idée que le jour du scrutin soit un jour férié national comme ce l’est dans d’autres pays. »

Pour sa part, le chef bloquiste par intérim Rhéal Fortin n’est pas chaud à cette idée. « Regardons l’expérience qu’on a au Québec. Les élections municipales sont le dimanche et, à ce que je sache, le taux de participation n’est pas plus élevé que pour les élections provinciales ou fédérales. Je ne suis pas certain que ce soit une avancée en matière de démocratie. Je pense que le lundi est un bon moment. Si c’est un dimanche et qu’on tombe sur une belle fin de semaine, les gens seront portés à s’absenter. D’autant plus qu’au fédéral, on peut voter plusieurs jours avant l’élection. »

La chef par intérim du Parti conservateur, Rona Ambrose, ne s’oppose pas à l’idée, même si elle reconnaît ne pas y avoir beaucoup réfléchi. « Ce sont des idées intéressantes. Tout ce qu’on peut faire pour amener plus de gens à voter est fantastique. » Son homologue du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, soutient qu’il aura « l’occasion de parler avec les instances de notre parti pour un vote la fin de semaine ». Il reconnaît du même souffle que « ce n’est pas évident de changer une habitude bien établie ». La chef du Parti vert, Elizabeth May, rappelle que le vote par anticipation se tient les samedis et dimanches. « Alors, la question demeure ouverte, mais ce n’est désormais plus impossible. »

Du côté du Directeur général des élections du Québec, on indique qu’il n’existe aucune étude confirmant que la tenue d’un scrutin les fins de semaine augmente le taux de participation électorale. On souligne en outre que l’instauration d’élections à date fixe procure la prévisibilité nécessaire pour embaucher le personnel et réserver les locaux électoraux. Les avantages d’un scrutin la fin de semaine s’en trouvent d’autant diminués.

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