Les questions identitaires rattrapent Trudeau

L’identité et les valeurs canadiennes se sont invitées au menu de la Chambre des communes lundi. Les libéraux de Justin Trudeau se sont fait reprocher leur insensibilité à ces questions tant par le Bloc québécois que par l’aspirante chef conservatrice Kellie Leitch.
Mme Leitch propose de filtrer les futurs nouveaux arrivants pour détecter chez eux des valeurs « anticanadiennes », une idée à laquelle M. Trudeau a fait allusion — pour la dénoncer — lors de son passage à Montréal la semaine dernière. Cela fait du premier ministre quelqu’un de « dangereux ».
« À quoi intègrent-ils ce nombre accru d’immigrants et de réfugiés ? Je crois que nous avons une identité commune. Le premier ministre ne le croit pas du tout. Cela me préoccupe et je crois que c’est dangereux », a dit la députée ontarienne. Selon elle, M. Trudeau est un « négationniste de l’identité canadienne ».
Les députés bloquistes sont pour leur part revenus à la charge pour dénoncer la visite de M. Trudeau dans une mosquée d’Ottawa pendant une célébration où les femmes étaient reléguées à un balcon à l’arrière de la pièce. « Le Bloc québécois se pose une question : si des homosexuels, des autochtones ou des Noirs avaient été parqués au balcon plutôt que des femmes, est-ce que ça aurait été plus ou moins acceptable pour le gouvernement ? Le premier ministre aurait-il tout de même accepté de prendre la parole », a demandé la députée Marilène Gill.
Fait rare, son intervention a reçu les applaudissements non seulement de ses collègues, mais aussi de plusieurs députées conservatrices. La ministre de la Condition féminine, Patricia Hajdu, a rétorqué qu’il était important de « respecter la diversité des communautés canadiennes ». Puis, elle a lancé qu’« un des éléments fondamentaux du féminisme est le droit des femmes de choisir. Lorsque nous respectons les communautés et leur foi et que nous allons à leur rencontre dans des endroits où les règles du jeu ont été établies, cela traduit précisément le féminisme en lequel on croit dans ce pays ».