Une ex-professeure de Concordia emprisonnée
Une ex-professeure de l’Université Concordia est actuellement détenue dans l’infâme prison d’Evin, à Téhéran, lieu d’incarcération de nombreux dissidents politiques, s’est inquiétée mercredi sa famille, sans nouvelles d’elle depuis plusieurs jours.
L’anthropologue irano-canadienne Homa Hoodfar a d’abord été arrêtée en mars, puis libérée sans qu’on lui remette son passeport, avant d’être soumise, au cours des derniers mois, à de nombreux interrogatoires. La dame de 65 ans a été arrêtée à nouveau il y a trois jours, et sa famille est incapable de savoir ce qu’il est advenu d’elle.

Mme Hoodfar a été appréhendée alors qu’elle séjournait en Iran pour des raisons personnelles, mais également universitaires, a soutenu sa famille dans un communiqué. La professeure, qui avait quitté l’Université Concordia en 2015, s’intéresse particulièrement à la question de la place des femmes en politique dans ses recherches. « On est extrêmement inquiet pour sa santé, a confié sa soeur Katayoon Hoodfar au quotidien britannique The Guardian. Elle souffre d’un problème neurologique rare » qui nécessiterait la prise de nombreux médicaments, dit-elle.
Son arrestation survient alors que de nombreux autres détenteurs d’une double citoyenneté ont été arrêtés ou interrogés au cours des dernières années par les Gardiens de la révolution, sorte de police politique de l’armée iranienne. Téhéran ne reconnaît pas l’existence de la double citoyenneté et traite ces personnes comme des ressortissants iraniens, leur refusant l’accès aux représentants consulaires de leur pays de résidence.
Journaliste torturée
Les relations canado-iraniennes s’étaient déjà détériorées à la suite de la mort de la journaliste et photographe montréalaise Zahra Kazemi, arrêtée le 23 juin 2003 alors qu’elle prenait des photographies de la prison d’Evin, puis incarcérée, battue, violée et torturée dans cette prison avant de tomber dans un coma duquel elle n’est jamais sortie.
Pour compliquer les choses, Ottawa n’entretient aucun lien diplomatique direct avec Téhéran depuis 2012, date à laquelle les conservateurs ont fermé leur ambassade dans la capitale de l’Iran et expulsé ses diplomates du Canada.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement fédéral est « activement engagé » dans cette affaire, a fait savoir mercredi soir Chantal Gagnon, la porte-parole du ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion. Celui-ci a « rencontré les membres de la famille de la Dre Hoodfar, et […] les agents consulaires sont en contact régulier avec eux », a-t-elle déclaré.
« Pour des raisons de confidentialité, nous ne pouvons pas divulguer plus d’informations sur les actions du gouvernement du Canada dans ce dossier, mais soyez assurés que cette affaire est une priorité pour nous », a-t-elle ajouté.
Plus tôt en point de presse, le ministre Dion a reconnu que l’absence de liens diplomatiques entre Téhéran et Ottawa compliquait passablement les choses. « On préférerait avoir une [ambassade]. Ça aiderait. Et puisqu’on n’en a pas, on travaille avec des pays tiers qui sont des amis et qui vont nous aider dans les circonstances, qui vont tout faire pour nous aider et on va tout faire pour aider cette personne en difficulté. »
Le gouvernement Trudeau avait déjà fait connaître son intention de rétablir les relations diplomatiques avec le gouvernement iranien, à la suite de son élection. Il avait levé les sanctions économiques imposées à l’Iran en février dernier.