Ottawa pourrait payer les frais de transport de tous les réfugiés

Le traitement de faveur accordé aux réfugiés syriens pourrait bientôt être élargi à tous les demandeurs d'asile parrainés. Le gouvernement libéral envisage d'assumer les frais de voyage de tous les réfugiés pris en charge par le fédéral ou le secteur privé qui viennent au Canada refaire leur vie.
Dans le cadre de sa campagne d’accueil de milliers de réfugiés syriens, le gouvernement de Justin Trudeau a exempté ces derniers des coûts associés à leur transport au pays. Le ministre de l’Immigration et des Réfugiés, John McCallum, avait indiqué qu’il songeait à étendre cette exception aux 3000 Syriens arrivés avant l’entrée en fonction de son gouvernement, début novembre. Mardi, en comité parlementaire, le ministre a annoncé qu’Ottawa pourrait ramasser la facture pour tous les demandeurs d’asile, tous pays confondus. « Nous étudions cela activement. C’est une question de savoir si nous avons les fonds pour éliminer ce programme de prêt pour les voyages », a indiqué le ministre.
Exemption dénoncée
Les réfugiés les moins nantis peuvent, en vertu de cette politique en place depuis les années 1950, rembourser au fédéral leurs billets d'avion, un examen médical avant le départ ou l'acquisition de passeports sur une période variant d'un à six ans selon le montant qui est en jeu.
L’exemption accordée aux Syriens avait été dénoncée par certains, qui y voyaient un double standard. Une discrimination pour les autres demandeurs d’asile, qui pourrait même être contraire à la Charte des droits et libertés, a suggéré la conservatrice Michelle Rempel. « Nous ne croyons pas que nos gestes ont contrevenu de quelque manière que ce soit à la Charte, a rétorqué le ministre McCallum. Une différence de traitement n’équivaut pas à une discrimination. »
Le ministre n'a pas su évaluer le coût pour le fédéral, si Ottawa décide de ramasser dorénavant la facture pour tous les réfugiés parrainés. En 2014, le Canada a accueilli 23 286 réfugiés. En 2012, ils étaient 23 079. De ce nombre, 3788 réfugiés ont eu recours au programme de prêt du fédéral, pour une facture de 11,3 millions $ avec un prêt moyen de 3090 $.
« On devrait savoir au moment du budget [le 22 mars] ou après le budget s’il existe des fonds pour cela », a noté M. McCallum. Un rapport d’évaluation du programme de prêt concluait, en septembre dernier, que l’obligation de rembourser leurs frais de transport « crée du stress pour bon nombre de réfugiés » et en empêche certains de profiter d’une formation linguistique puisqu’ils se dépêchent de se trouver un travail.
Le gouvernement a d'ailleurs constaté que les réfugiés syriens sont moins nombreux que prévu à maîtriser l'anglais ou le français. Le fédéral pourrait « augmenter les montants disponibles » en ce sens pour y pallier, a indiqué M. McCallum.
Le NPD voit d'un bon œil la possibilité qu'Ottawa lorgne l'idée d'assumer à l'avenir les frais de transport de tous les réfugiés. « Ça fait partie de nos obligations internationales de faire en sorte que ces gens-là puissent arrive et qu'on ne les charge pas avec un fardeau indu », a commenté Thomas Mulcair.
Cap sur l’immigration familiale
Le gouvernement libéral étant « en bonne voie » d'atteindre son objectif d'accueillir 25 000 réfugiés syriens d'ici la fin du mois, le ministre McCallum entend maintenant oeuvrer pour accélérer les réunifications familiales. « Ma priorité première est de réduire ces délais de traitement », a-t-il indiqué, en admettant qu'il faudrait deux ou trois ans avant d'y arriver. Mais il a promis « des objectifs clairs » « d'ici deux ou trois mois » pour y parvenir. Les libéraux se sont aussi engagés, dans leur plateforme électorale, à doubler le budget de traitement de ces demandes d'immigration familiale
La Loi sur la citoyenneté réformée «dans les prochains jours»
Ottawa — La réforme de la Loi sur la citoyenneté des conservateurs sera « bientôt » chose du passé. Le ministre de l’Immigration, John McCallum, a indiqué que son gouvernement apporterait des « amendements majeurs » à la loi C-24 « dans les prochains jours ».Les libéraux avaient promis, en campagne électorale, d’annuler les changements conservateurs permettant de révoquer la citoyenneté de Canadiens détenant deux nationalités qui seraient accusés de terrorisme, d’espionnage ou de trahison. Le gouvernement Trudeau songe en outre à abolir les listes de « pays sûrs » dressées par les conservateurs — et considérées comme ne produisant pas de réfugiés légitimes. Car ces listes pourraient contrevenir à la Charte des droits et libertés en distinguant les recours possibles pour les demandeurs d’asile issus de ces pays qui voudraient porter en appel une décision sur leur dossier, selon M. McCallum.