Ottawa revoit tout le projet

Le changement de gouvernement à Ottawa fait une autre victime : le monument aux victimes du communisme. L’ouvrage commémoratif, qui était devenu le sujet d’une vive controverse dans la capitale à cause de sa taille et de l’entêtement du précédent régime à l’ériger à côté de la Cour suprême, est renvoyé à la table à dessin.

« Le processus pour ce monument était trop politique, créerait trop de division et, ultimement, nous éloignait de notre objectif de commémorer l’horreur vécue par les victimes du communisme », a expliqué, au cours d’une conférence de presse, la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly.

Plus tard, elle a expliqué au Devoir que, par « politique », elle entendait la décision des conservateurs de déménager ce monument dans la rue Wellington, sur un lot depuis longtemps réservé à la construction d’un édifice judiciaire. Au départ, le monument devait plutôt être érigé plus à l’ouest, dans un parc en retrait. « Malgré ce consensus, il y a eu une décision politique de changer l’endroit. »

Même la juge en chef de la Cour suprême, Beverley McLachlin, avait exprimé son inconfort quant au projet, estimant que son message « d’austérité et de brutalité » pourrait ne pas bien s’accorder avec la présence tout à côté du plus haut tribunal du pays.

Le projet retenu en bout de ligne consistait en une sorte de triangle de béton plié en accordéon et formant six corridors, dans lesquels les gens auraient pu déambuler. Les plus hauts murs auraient atteint une dizaine de mètres. Ce design ne tient plus, puisque le site initial auquel doit retourner le monument est beaucoup plus petit. « On recommence à zéro », a résumé la ministre.

Le promoteur du projet, le président de Tribute to liberty, Ludwik Klimkowski, s’est dit d’accord avec la décision de la ministre. Son groupe devra fournir 1,5 million de dollars. Ottawa en versera autant. Le projet doit être achevé en 2018.

Le monument était un sujet de controverse aussi à cause de l’absence de lien évident entre le Canada et le communisme. M. Klimkowski a nié que son projet soit politique, répétant que le Canada avait accueilli de nombreuses personnes ayant fui les débordements du communisme. Mais il a ajouté du même souffle que le communisme devait être stoppé.

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