Harper aurait admis que Duffy n’avait pas enfreint les règles

Mike Duffy soutient que Stephen Harper a insisté pour que le sénateur admette publiquement ses torts même si le premier ministre concédait qu’il n’avait pas enfreint les règles.

Témoignant pour sa défense au procès pour fraude, abus de confiance et corruption, Mike Duffy a raconté mardi comment il avait tenu à plaider sa cause directement au premier ministre, alors qu’il était sujet aux pressions de la garde rapprochée de M. Harper.

Selon Mike Duffy, le premier ministre aurait alors concédé qu’il n’avait pas enfreint de règles, mais que ces règles étaient difficiles à expliquer à la base conservatrice, et que le sénateur devrait par conséquent rembourser, même si ça pouvait sembler injuste. M. Harper aurait alors dit que son chef de cabinet, Nigel Wright, s’occuperait des détails, a soutenu Mike Duffy dans son témoignage.

Une photographie officielle prise par le cabinet du premier ministre, où l’on voit le sénateur Duffy en tête-à-tête avec Stephen Harper, en marge d’une réunion du caucus en février 2012, a été déposée en preuve, mardi.

Dans sa défense, Mike Duffy soutient notamment que pour préserver sa réputation, il a résisté fermement aux pressions de l’entourage du premier ministre pour qu’il admette publiquement ses fautes et rembourse les dépenses controversées. Le refus du sénateur est au coeur de sa défense contre l’accusation de corruption.

La Couronne soutient plutôt que M. Duffy a été un artisan du stratagème qui prévoyait que Nigel Wright signe secrètement un chèque personnel de 90 000 $ pour permettre au sénateur de rembourser ses dépenses controversées — et de l’annoncer publiquement par la suite, pour protéger le gouvernement Harper.

« Pourquoi j’aurais voulu ainsi entacher mon nom, ma réputation, celles de ma femme, de mes enfants et petits-enfants — Ah ? Ton grand-père est un escroc ? Je ne suis pas un escroc, ni un voleur, et je n’enfreins pas les règles », a lancé M. Duffy, mardi matin, dans son témoignage. « Je ne voulais pas jouer le jeu [de l’entourage du premier ministre] et je leur ai demandé de faire preuve d’un peu de respect — tous ces chrétiens évangélistes qui me précipitaient dans la fosse aux lions ! »

 

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