Un minivillage pour réfugiés à Valcartier

La base militaire de Valcartier est déjà en mesure d’accueillir 800 réfugiés syriens jusqu’à six mois et aura bientôt la capacité d’en recevoir jusqu’à 2360. Malgré tout, il est aussi possible que ces installations ne servent pas.
« On est prêts à les recevoir », a déclaré le colonel Sébastien Bouchard lors d’une visite des lieux avec les médias de Québec, mercredi après-midi.
L’immense site ne sert normalement que pendant l’été, pour le camp des cadets. Il compte une bonne vingtaine de bâtiments avec de longs dortoirs comprenant des lits à deux étages, un centre médical, une cafétéria, une salle de lavage, un lieu de culte et un centre communautaire avec des espaces prévus pour une salle de jeux, une salle de télévision et même un barbier.
« Tout est centralisé au camp des cadets. On a toutes les facilités nécessaires pour créer une vie communautaire. […] C’est beaucoup plus facile à opérer. En se dispersant un peu partout, ça rendrait l’exercice très complexe », de souligner le colonel Bouchard.
Les installations sont en bon état, propres, mais n’ont rien de luxueux. Les lits sont recouverts des typiques couvertures d’armée grises. Certains dortoirs n’ont pas de toilettes, ce qui forcera les personnes à sortir dehors l’hiver pour se soulager dans un bâtiment voisin. L’Internet sans fil sera disponible partout.
Pour adapter le camp à la venue possible de réfugiés, la garnison a dû « hiverniser » certains bâtiments en les isolant. La construction de nouveaux dortoirs pour les cadets a été devancée et sera prête d’ici la fin décembre. L’ensemble devrait coûter 2,7 millions.
Dans l’éventualité où on ne recevrait aucun réfugié, « tout le monde », nommément les cadets, pourra donc en bénéficier, expliquaient les responsables.
Le colonel Bouchard a aussi tenu à spécifier que, contrairement à la rumeur, aucun militaire n’avait libéré son logement sur la base pour faire de la place aux réfugiés. « On n’a jamais considéré déplacer des militaires », a-t-il soutenu.
Aucun réfugié attendu
Les réfugiés pourraient rester jusqu’à six mois sur le site. Le colonel Bouchard a toutefois expliqué que les militaires ne seraient pas responsables d’eux lorsqu’ils se déplaceraient à l’extérieur de la base.
Par contre, la base n’attend aucun réfugié à l’heure actuelle. « On n’a pas encore de confirmation qu’on va avoir des réfugiés », a souligné l’officier aux affaires publiques. « On n’a pas de chiffre, pas de dates. »
Aux dernières nouvelles, environ 70 réfugiés sont attendus dans la capitale avant la fin de l’année, et le Centre multiethnique a suffisamment de chambres d’urgence pour les accueillir. Un certain nombre d’entre eux doivent en outre être accueillis par les familles qui les parrainent.
Invité à dire s’il serait déçu qu’aucun réfugié ne vienne, le colonel Bouchard a rétorqué qu’il ne percevait pas les choses ainsi. « Notre mandat, c’est d’être prêt. » Un peu plus tôt, son collègue le lieutenant-colonel Steve Hétu a souligné que l’armée constituait la « dernière ligne » et qu’elle avait été chargée de recevoir les réfugiés « en cas de débordement ».
Étant donné que le Centre multiethnique n’a qu’une soixantaine de chambres d’urgence, cette possibilité est toutefois bien réelle, surtout après Noël. Advenant un arrivage imprévu, la base serait avisée au minimum 48 heures à l’avance de la venue d’un groupe, nous dit-on.
De toute façon, les installations de Valcartier ont été mises sur pied pour accueillir des réfugiés destinés non seulement à la capitale, mais à tout le Canada. C’est la seule base à avoir reçu ce mandat sur le territoire québécois.
Avec Kingston, elle sera la première base à être mise à contribution en cas de besoin. Meaford, Petawawa, Borden et Meaford pourraient compléter l’offre si nécessaire.
Un total de 235 militaires de la base travailleront d’une manière ou d’une autre à l’accueil des réfugiés. Certains d’entre eux iront d’ailleurs les rencontrer dès leur arrivée à Montréal. « Notre intention c’est d’aller les chercher et de les accueillir au centre à Montréal et d’embarquer avec eux dans les autobus pour les amener jusqu’ici », a expliqué le colonel Bouchard. « On veut que la même personne soit avec eux, les mêmes interprètes. »