Le Canada consacrera 2,65 milliards pour aider les pays en développement

Ottawa — Le Canada s’engage à consacrer 2,65 milliards de dollars d’ici cinq ans pour aider les pays en développement à lutter contre les changements climatiques.

Le premier ministre, Justin Trudeau, en a fait l’annonce vendredi au sommet du Commonwealth à Malte, où le climat s’imposait comme le sujet central des discussions, à quelques jours de la conférence de l’ONU à Paris. Le président français, François Hollande, est même invité au très anglo-saxon sommet pour mettre la table en prévision de la COP21.

La contribution canadienne de 2,65 milliards en cinq ans suit l’engagement que le Canada avait déjà pris dans le cadre de l’Accord de Copenhague de 2009 — une initiative internationale qui vise à recueillir 100 milliards $US par année d’ici 2020 pour aider les pays en développement à participer à la lutte contre les changements climatiques.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ce fonds avait recueilli environ 62 milliards $US en 2014, une hausse de 10 milliards par rapport à 2013.

Le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a qualifié l’initiative de son gouvernement d’« historique ». La contribution canadienne servira à soutenir concrètement les projets de pays en développement dans leur transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

Le premier ministre Trudeau a de son côté soutenu que cet engagement « démontrait une fois de plus que le Canada est redevenu un acteur crédible de la lutte internationale contre les changements climatiques ».

À Ottawa, le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, n’a pas hésité à applaudir l’initiative du gouvernement libéral.

« Je suis content de voir que nous sommes prêts à fournir notre part d’efforts avec une somme aussi importante », a réagi M. Mulcair lors d’une conférence de presse vendredi matin.

M. Mulcair a aussi réitéré ses attentes pour la contribution canadienne à la COP21. Il ira rejoindre la délégation canadienne à Paris, dimanche, à l’invitation du premier ministre. Le chef néodémocrate veut que le Canada adopte rapidement de nouvelles cibles nationales de réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES).

« On vogue de déception en déception depuis au-delà de 20 ans au Canada », a critiqué M. Mulcair. « Il faut des cibles ambitieuses », a-t-il réclamé, soulignant l’urgence de la situation.

Engagement

 

« Nous nous sommes engagés à fixer une nouvelle cible nationale », a rappelé la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, au cours d’une conférence téléphonique, avant de s’envoler vers Paris. « Nous allons travailler avec les provinces et les territoires pour nous assurer qu’ils fourniront leur part d’efforts pour atteindre cette cible », a-t-elle ajouté, tout en avouant que le « mécanisme » pour y arriver n’était pas encore trouvé.

La ministre n’a pas voulu dire ce que son gouvernement pourrait faire pour forcer la main à certaines provinces. Tout au plus a-t-elle insisté sur l’importance de fixer un prix pour le carbone : « Nous allons travailler vers ce but. »

La délégation canadienne s’envole vers Paris sans nouvelles cibles de réduction des émissions de GES. Selon la ministre McKenna, la communauté internationale, consciente de l’élection toute fraîche du gouvernement Trudeau, ne s’attend pas à voir tout de suite une nouvelle cible canadienne.

Par ailleurs, la ministre a souligné que si elle attend une entente solide à l’issue de la COP21, les cibles de chaque pays ne seront pas juridiquement contraignantes, les États-Unis s’opposant à pareille contrainte. « Nous voulons que chaque signataire ait une obligation légale de prendre un engagement dans le cadre de l’entente. Et cet engagement devra être mis à jour tous les cinq ans, a expliqué la ministre. Nous ne nous attendons pas à ce que les cibles elles-mêmes soient juridiquement contraignantes, en loi internationale », a-t-elle conclu.

Québec confirme sa cible de 37,5 %

À l’approche de la conférence de Paris sur le climat, Québec confirme sa cible de réduction des gaz à effet de serre (GES) de 37,5 % par rapport au niveau de 1990, d’ici 2030.

Le gouvernement québécois avait déjà fixé cette cible en septembre, mais avait averti qu’elle pourrait être revue après les consultations publiques.

Cette étape est maintenant complétée et la cible a été maintenue, a annoncé le ministre de l’Environnement, David Heurtel, vendredi.

Il a fait valoir, dans un communiqué, qu’il s’agit de « la cible la plus ambitieuse au Canada ».

La Fondation David Suzuki s’est réjouie de la confirmation de cet objectif. Elle prévient toutefois que l’atteinte de cette cible ambitieuse nécessitera l’adoption rapide de mesures dans tous les secteurs afin d’amorcer la transition énergétique du Québec loin des énergies fossiles et vers les énergies renouvelables.

Ainsi, la politique énergétique à venir devra notamment prioriser la réduction de la consommation de pétrole, qui représente 52 % des émissions de GES du Québec, suggère-t-elle.

Du côté de Greenpeace, l’enthousiasme était plus mitigé. L’organisme environnemental a déclaré que la cible québécoise est « relativement ambitieuse », mais qu’elle reste en deçà de ce que la science exige et de ce que l’Europe et la Californie ont adopté, soit une cible de -40 % d’ici 2030.

Et puis, une cible sans plan crédible ne servira à rien, dit l’organisme. Greenpeace s’inquiète du fait que, selon l’organisation, le Québec n’atteindrait ses cibles de 2020 et 2030 qu’en achetant massivement des crédits d’émissions à l’étranger vu ses nombreux projets pétroliers et gaziers.


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