Les politiques Couillard déplaisent
Pendant que Justin Trudeau profite d’une lune de miel sucrée avec les Québécois, les indicateurs pointent au rouge pour les libéraux du Québec. Tant sur le fond que dans la forme, les positions du gouvernement Couillard déplaisent ainsi fortement aux Québécois, révèle un sondage Léger mené pour Le Devoir et Le Journal de Montréal.
Tout n’est pas noir pour les libéraux, qui ne perdent pas d’appuis dans les intentions de vote. Mais les résultats laissent penser qu’ils tiennent le premier rang parce que les partis d’opposition n’arrivent pas à tirer profit du mécontentement que suscite le gouvernement Couillard.
Le coup de sonde montre donc que 64 % des répondants estiment que le gouvernement gère mal les négociations avec les employés du secteur public — seule une personne sur cinq pense le contraire. Dans la foulée, la population « appuie davantage » les syndicats que le gouvernement dans ce dossier, dans une proportion de 51 % pour les syndicats et 28 % pour Québec.
« Il y a un message clair pour [le président du Conseil du trésor] Martin Coiteux, dit Jean-Marc Léger, président de la firme : les gens ne sont pas derrière lui. »
Autre dossier majeur qui définit l’action gouvernementale depuis l’élection de Philippe Couillard, les « mesures d’austérité » sont également mal reçues par la population. Une majorité (54 %) de répondants est défavorable à ce programme visant l’atteinte du déficit zéro, alors que le tiers des sondés se disent favorables.
Plus d’un répondant sur trois (36 %) se dit aussi « directement et personnellement touché par les mesures d’austérité », alors que 48 % sont dans la situation inverse.
La décision du gouvernement d’investir 1,3 milliard pour aider Bombardier est elle aussi largement décriée par les répondants du sondage : 55 % des gens sont en désaccord. Dans les sujets sondés, seul le projet de réforme de l’aide sociale reçoit un appui relatif (48 % sont d’accord, contre 46 %).
Rupture
Au final, le taux de satisfaction envers le gouvernement s’établit à 33 %, en baisse de cinq points depuis juin. L’insatisfaction est à 60 %.
Ce parfum de rupture entre le gouvernement et les électeurs n’était pas décelable en décembre 2014, quand Léger avait sondé la perception des Québécois de plusieurs mesures proposées par Philippe Couillard. À l’époque, 46 % des répondants étaient ainsi d’accord avec l’idée de faire du retour à l’équilibre budgétaire pour 2015 une priorité (38 % étaient opposés). L’insatisfaction était aussi élevée qu’aujourd’hui, mais le programme libéral était globalement soutenu par une forte proportion de répondants.
Et pourtant…
N’empêche : malgré les résultats de ce samedi, les libéraux demeurent en tête dans les intentions de vote avec 35 % d’appuis, trois points devant le Parti québécois de Pierre Karl Péladeau. La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault obtient 20 %, deux fois plus que Québec solidaire (Françoise David). Les résultats du sondage de juin donnaient exactement la même chose.
Selon Jean-Marc Léger, le premier rang des libéraux cache toutefois « des appuis qui sont fragiles ». « Avec le vote à 35 %, la satisfaction à 33 % et Philippe Couillard qui est à 24 % à la question du meilleur premier ministre [légèrement devant M. Péladeau], ce n’est pas rose pour les libéraux », estime-t-il. Chez les francophones, les libéraux se trouvent à égalité avec la CAQ, près de 15 points derrière le PQ.
Le sondage permet par ailleurs une première lecture de l’appréciation de la nouvelle position constitutionnelle de la CAQ. Lorsqu’on leur demande ce qu’ils préfèrent en la matière, les Québécois répondent d’abord le fédéralisme actuel mis en avant par le PLQ (32 %), puis la souveraineté du PQ (25 %) et la « négociation de nouveaux pouvoirs pour le Québec » de la CAQ (22 %).
Mais les répondants sont nombreux (52 %) à souhaiter que le nouveau gouvernement Trudeau rouvre des discussions constitutionnelles avec le gouvernement du Québec (26 % y sont opposés). Ce qui fait dire à M. Léger que « l’option de François Legault existe dans la tête des gens. Il est au diapason d’une partie de la population ».
Le sondage a été mené en ligne entre les 16 et 19 novembre auprès de 1001 répondants. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 3,1 %, dans 19 cas sur 20.