Le NPD pourrait se heurter à l’Alberta

La première ministre de l’Alberta, Rachel Notley, ne croit pas qu’un système de plafonnement et d’échange de droits d’émission (SPEDE) pancanadien soit une solution adaptée à l’Alberta pour lutter contre les changements climatiques. Sa position pourrait compromettre la volonté du Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral de créer un tel système unifié à l’échelle nationale.
« Nous pourrions nous attaquer aux changements climatiques en utilisant des outils différents de ceux de l’Ontario et du Québec, a expliqué la première ministre néodémocrate lundi midi devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Un système national de plafonnement et d’échange ne sera sans doute pas la meilleure voie pour nous. »
Elle a tenu ces propos au lendemain d’une annonce du NPD fédéral, qui a promis dimanche de travailler « avec les provinces et les territoires afin d’instaurer un système de plafonnement et d’échange pancanadien ». Le plan du NPD prévoit cependant un droit de retrait pour les provinces dont le système actuellement mis sur pied répond aux exigences fédérales ou les dépasse.
Le porte-parole d’Équiterre, Steven Guilbeault, qui a assisté au discours de la première ministre albertaine, juge que la promesse du NPD fédéral est « intéressante » parce qu’elle offre certaines libertés aux provinces qui ont un programme efficace. « On ne peut pas avoir un système fédéral dans lequel un paquet de provinces se forcent pour réduire leurs émissions, pendant que dans d’autres, il n’y a pas de limites », a-t-il souligné en ciblant particulièrement l’Alberta. Si Thomas Mulcair est porté au pouvoir, ce sera à Mme Notley de prouver que son système respecte la norme imposée par le fédéral, précise-t-il.
Carbone au rabais
Dans un rapport dévoilé en avril dernier, la Commission de l’écofiscalité du Canada notait que le système hybride appliqué par l’Alberta depuis 2007 pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) n’est pas aussi efficace qu’un SPEDE (Québec et Ontario) ou une taxe sur le carbone (Colombie-Britannique) parce que le prix associé à chaque tonne de carbone émise y est trop bas.
« Le prix net du carbone en Alberta a augmenté, mais il demeure relativement bas », a admis Mme Notley.
Les conclusions d’un comité formé au printemps dernier pour se pencher sur la question des changements climatiques permettront au gouvernement Notley de présenter la nouvelle stratégie albertaine en la matière plus tard cet automne. Des changements sont à venir, a promis la néodémocrate.
Trouver l’équilibre
Prenant la parole devant des gens d’affaires et plusieurs ministres du gouvernement Couillard, Rachel Notley a livré un discours en deux temps, insistant sur l’importance de lutter sans tarder contre les changements climatiques tout en maintenant les investissements dans les secteurs pétrolier et gazier. « Le nouveau gouvernement de l’Alberta que je dirige entend en faire plus, en faire beaucoup plus. Il est de notre responsabilité de faire partie de la solution en ce qui a trait aux changements climatiques », a-t-elle déclaré.
« Notre industrie énergétique est au coeur de notre économie et le restera dans les années à venir, a plus tard ajouté Mme Notley. Sous notre gouvernement, les abondantes réserves albertaines de pétrole et de gaz vont demeurer ouvertes aux investissements et nous maintiendrons l’un des régimes fiscaux les plus compétitifs au Canada. »
La première ministre de l’Alberta a évité d’aborder la question du transport de pétrole par oléoduc, elle qui avait pourtant déclaré la semaine dernière lors d’un discours prononcé à Calgary qu’elle souhaitait qu’« au moins un nouvel oléoduc soit construit », sans préciser le projet qu’elle privilégie.
Elle a esquivé les questions des journalistes après son allocution, quittant la salle du Palais des congrès par une porte secondaire.
La citation du jour
«C’est fou! Je n’ai pas le droit de voter aux prochaines élections, j’ai le droit d’être candidat.»Nicolas Duchastel de Montrouge, qui a réussi à se présenter comme candidat indépendant dans la circonscription de Stephen Harper, Calgary Heritage, bien qu’il lui soit désormais interdit de voter. M. Duchastel de Montrouge, qui vit à Seattle depuis 15 ans, fait partie des 1,4 million de Canadiens touchés par la mesure conservatrice qui vise les citoyens expatriés depuis 5 ans ou plus.