Duceppe mise sur l’environnement et le niqab
Les questions environnementales et le niqab préoccupent grandement les électeurs, a affirmé dimanche le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.
M. Duceppe, qui a fait du porte-à-porte dans une partie de sa circonscription de Laurier–Sainte-Marie, dans le centre-ville de Montréal, a dit qu’il devait souvent expliquer les différences entre les positions du Bloc et celles des autres partis au sujet de ces deux questions.
L’espace grandissant qu’occupe le niqab dans l’arène électorale ne déplaît pas à M. Duceppe. « La place des femmes dans la société est une question fondamentale. Il ne faut pas qu’elles s’effacent dans l’espace public », a-t-il déclaré lors d’un entretien téléphonique avec La Presse canadienne.
Pour lui, la question du voile intégral ne doit pas non plus se limiter à l’assermentation des nouveaux citoyens. « [La commission] Bouchard-Taylor était très claire à ce sujet : cela doit se passer à visage découvert quant au vote, au service dans la fonction publique », a-t-il ajouté.
Il doit parfois expliquer aux électeurs qu’il rencontre que le Bloc demeure fidèle à lui-même dans ce débat. « On avait déjà émis [cette opinion] pendant les audiences de Bouchard-Taylor. On avait même discuté de ces questions dès l’an 2000. Cela n’est pas d’hier. On n’a pas changé d’opinion là-dessus. »
Approche « continentale »
Le chef du Bloc québécois a réagi au plan de lutte contre le réchauffement climatique présenté par le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, dimanche. S’il a applaudi à certains aspects du plan, notamment les cibles à atteindre d’ici 2030 et 2050, il se montre plus réservé au sujet de ce qu’il qualifie « d’approche territoriale » du NPD.
« [M. Mulcair] parle d’une bourse pancanadienne. Nous, on croit qu’il est plus souhaitable d’établir une bourse à l’échelle nord-américaine. Il faut que toutes les provinces canadiennes et le Québec fassent partie d’une telle bourse qui a déjà commencé entre le Québec et la Californie. »
Même si le NPD a promis, en louangeant les programmes québécois et ontariens, que les provinces pourraient se retirer d’un éventuel programme national de lutte contre les changements climatiques si leurs résultats sont égaux ou supérieurs à ceux du gouvernement fédéral, M. Duceppe craint que l’approche néodémocrate se fasse au détriment du Québec.
« Le Québec a fait énormément d’efforts. Si on ne reconnaît pas ces efforts au départ, on risque de se retrouver avec le principe du pollueur-payé et non du pollueur-payeur, comme c’était le cas avec le Fonds pour les énergies vertes où le Québec a reçu 8 millions et Shell Canada 120 millions. C’est le comble de l’ironie. »
Il n’a pu s’empêcher de constater les apparentes contradictions d’un parti qui présente un plan de lutte contre les gaz à effet de serre (GES) tout en appuyant des projets d’acheminement du pétrole par oléoduc comme Énergie Est ou par train jusqu’à Belledune, au Nouveau-Brunswick. « Ce sont deux projets qui augmentent les GES. Comment peut-on se glorifier d’avoir un plan pour limiter les GES et approuver deux projets qui les augmentent ? Ce n’est pas le seul dossier qui manque de cohérence », a-t-il souligné.
Par ailleurs, M. Duceppe espère que dans les négociations sur le traité de libre-échange transpacifique, le Canada n’acceptera pas d’augmenter les importations de produits laitiers venant des États-Unis, comme le laissait entendre un reportage de la CBC ce week-end. Pour lui, il s’agirait d’un compromis « tout à fait inacceptable ».
« [Le Partenariat transpacifique] est fait pour l’Ouest canadien, a-t-il accusé. Si la gestion de l’offre est attaquée, [les fermiers québécois] auront des difficultés à revendre leur quota. Il ne vaudra plus la même chose. C’est une perte sèche pour eux. Cela peut amener des faillites. »