Le NPD promet des millions pour un «fleuron»
Le milieu aérospatial est ravi de se retrouver sous les projecteurs de la campagne électorale, mais estime que les partis ne peuvent pas se permettre de contourner cette industrie, qui compte plus de 75 000 travailleurs au Canada, dont plus de 40 000 au Québec.
Le chef du NPD, Thomas Mulcair, a annoncé, mardi à Dorval, plusieurs engagements à l’égard de l’industrie, dont l’intention de consacrer 160 millions sur quatre ans pour appuyer les PME qui souhaitent investir dans la fabrication de pointe. Il veut aussi qu’une partie des fonds de l’Initiative stratégique pour l’aérospatiale et la défense (ISAD) soit consacrée à l’amélioration de la chaîne de fournisseurs et veut diriger des missions commerciales à l’étranger.
« On va parler davantage d’aérospatiale dans la campagne parce que c’est un fleuron, a prédit en entrevue la présidente d’Aéro Montréal, Suzanne Benoit. C’est une industrie qui crée des emplois bien rémunérés, qui fait beaucoup de développement technologique, qui permet la rétention de nos cerveaux. C’est une industrie que tous les pays du monde aimeraient avoir. Il ne faut pas la considérer comme acquise. »
Concurrence mondiale
L’industrie aime souvent rappeler que Montréal est le seul endroit au monde où toutes les pièces requises (ou presque) pour fabriquer un avion peuvent être trouvées dans un rayon de 30 kilomètres. En 2014, le chiffre d’affaires total a atteint 13,8 milliards, dont 80 % sont liées aux exportations. Outre les poids lourds que sont Bombardier et le fabricant de moteurs Pratt Whitney, le secteur compte des joueurs comme Rolls-Royce, Bell Helicopter Textron, le spécialiste de simulateurs CAE et une constellation de plusieurs dizaines de PME.
Mme Benoit indique qu’Aéro Montréal a « fait des représentations » auprès de tous les partis « pour leur rappeler l’importance de l’industrie, alors on veut qu’ils s’engagent à la maintenir au Québec, à l’appuyer de manière à ce qu’on se batte à armes égales avec les autres gouvernements qui soutiennent leur propre industrie aérospatiale ».
L’appui aux PME a été bien reçu par les représentants du secteur, car les grandes entreprises qui veulent investir ont déjà des mécanismes de financement bien en place. « On a 200 PME au Québec et elles doivent, elles aussi, être capables de s’automatiser et d’être à la fine pointe de la technologie, a dit Suzanne Benoit. Sinon, elles vont se faire dépasser par le Mexique, la Pologne, le Maroc, la Chine, etc. »
Recherche et développement
Le NPD a aussi promis d’injecter 40 millions sur quatre ans dans le Programme de développement des technologies spatiales « après des années de négligence de la part des conservateurs » et de s’assurer que le processus d’achat de matériel militaire serait « équitable et transparent ». Ce processus permettrait d’obtenir les meilleurs prix possible et pourrait maximiser les retombées pour les fournisseurs canadiens.
L’annonce a aussi été saluée par l’Association internationale des machinistes, qui a parlé d’une « bouffée d’air frais », de même que par l’Association des industries aérospatiales du Canada.
Les machinistes ont fait valoir que l’industrie « est un secteur majeur que le gouvernement doit favoriser afin que nous puissions résister à la montée de la Chine, de l’Inde, du Brésil et de la Russie ». « On se classe dernier en ce qui a trait au soutien gouvernemental dans la recherche, l’innovation et le développement », a affirmé leur coordonnateur québécois, David Chartrand.
L’industrie québécoise a été déçue d’apprendre, lors du budget Leitão en mars dernier, que Québec ne semblait pas revenir sur sa décision de 2014 consistant à abaisser de 17,5 % à 14 % le crédit d’impôt pour la recherche et le développement. Mme Benoit avait alors affirmé au Devoir que chez Aéro, « on est confiant, car le gouvernement a indiqué qu’il reverrait sa politique industrielle du secteur aérospatial cette année ». À ce chapitre, les consultations du gouvernement du Québec ont été lancées le mois dernier.