Le groupe EI est la principale menace de l’Occident, selon le nouveau chef d’état-major

Les Forces canadiennes ont un nouveau grand patron. Le chef d’état-major de la Défense, Jonathan Vance, a été assermenté à Ottawa vendredi.
Photo: Adrian Wyld La Presse canadienne Les Forces canadiennes ont un nouveau grand patron. Le chef d’état-major de la Défense, Jonathan Vance, a été assermenté à Ottawa vendredi.

Le groupe armé État islamique (EI) constitue la principale menace contre l’Occident — dont le Canada — selon le nouveau chef d’état-major de la Défense canadienne, Jonathan Vance.

Le général Vance, qui a été assermenté officiellement vendredi à son nouveau poste, a affirmé en entrevue que les pays occidentaux se devaient de réagir à l’ascension des extrémistes au Moyen-Orient. Les pays dans la région tentent d’établir des institutions démocratiques et la règle de droit ne peut cohabiter avec les califats, a-t-il constaté.

La position de M. Vance contraste avec celle du prochain président du Comité des chefs d’état-major interarmées aux États-Unis, le général Joseph Dunford, qui a identifié la Russie comme la principale menace résurgente lors de son audience de confirmation devant le Congrès américain, la semaine dernière.

Le général Dunford a décrit le régime du président Vladimir Poutine comme un « pouvoir nucléaire » susceptible d’enfreindre la souveraineté des autres pays. Il a précisé que la Russie était suivie de près par la Chine et la Corée du Nord. Le groupe armé État islamique apparaissait en quatrième place des plus grandes menaces.

Le général Vance n’a pas voulu placer en ordre les menaces pour le Canada. Bien que les ambitions de la Russie en Europe de l’Est demeurent inquiétantes, selon lui, le groupe armé État islamique a démontré sa volonté de perpétrer des attaques en sol canadien, a-t-il rappelé.

La rhétorique du gouvernement Harper vise tant la Russie que le groupe armé EI. La vision du général Vance offre donc une perspective intéressante en vue de la prochaine élection fédérale, alors que les enjeux de sécurité nationale risquent d’être au centre des débats.

Le gouvernement Harper risque toutefois d’être questionné également sur son bilan sur le financement de la Défense nationale. Le prédécesseur de M. Vance, le général Tom Lawson, a dû s’adapter à des compressions de quelque 2,5 milliards annuellement — et le premier ministre Stephen Harper a envoyé un message clair au nouveau chef de l’armée lors de son assermentation, vendredi.

« Dans les limites des contraintes budgétaires auxquelles nous sommes tous soumis, votre objectif est de maintenir une armée moderne, apte au combat et hautement qualifiée », a déclaré M. Harper.

Lors de l’entretien qui s’est déroulé avant son assermentation, M. Vance s’est dit convaincu que le gouvernement ne « surcharge » pas les Forces canadiennes quant à leur engagement sur le plan international.

Le général Vance n’a pas voulu se prononcer sur les conséquences des restrictions budgétaires qui devraient se maintenir malgré la promesse du gouvernement Harper de réinvestir dans l’armée après 2017.

« C’est une discussion difficile à avoir parce qu’on n’est pas certains. On gère les risques pour l’avenir et on limite les budgets pour avoir la capacité nécessaire », a-t-il indiqué.

Le général Vance avait joué un rôle important dans la mission canadienne en Afghanistan, en plus d’être l’ancien responsable du Commandement des opérations interarmées du Canada.

L’inconduite sexuelle ne sera pas tolérée, assure le général

Le nouveau chef d’état-major a également profité de son discours inaugural pour dénoncer l’inconduite et le harcèlement sexuels dans l’armée. « Tout comportement sexuel malfaisant a toujours été et sera toujours à l’encontre du bon ordre et de la discipline. C’est une menace à la morale. C’est une menace pour la capacité opérationnelle et une menace pour cette institution », a-t-il tranché. « Les dirigeants protègent les leurs », a-t-il poursuivi, ajoutant que, selon son expérience, les intimidateurs et les prédateurs étaient de piètres soldats au combat. Le général Vance n’a pas précisé comment il réglerait ce fléau, s’engageant du moins à respecter les recommandations du rapport de la juge Deschamps, paru le 30 avril dernier. Cette ancienne juge de la Cour suprême y faisait état d’une inconduite sexuelle « endémique » et d’une « culture machiste » au sein de l’armée canadienne, blâmant au passage ses dirigeants qui auraient toléré un climat où les femmes craignent de dénoncer leurs agresseurs.


À voir en vidéo