Un député conservateur craint la promotion de pratiques «moralement discutables»
Le député conservateur Parm Gill n’approuve pas l’éducation sexuelle. Il estime « dangereux » de renseigner les enfants à propos de comportements sexuels tels que la masturbation ou l’homosexualité, que des parents considèrent comme « moralement discutables ».
Chaque jour à la Chambre des communes, une période de 15 minutes est réservée pour que les élus fassent, à tour de rôle, la déclaration de leur choix. Parm Gill, qui représente une circonscription ontarienne, a utilisé sont temps de parole pour s’attaquer aux « politiques du Parti libéral qui s’en prennent à nos valeurs familiales ».
« En Ontario, a-t-il déclaré sans préciser qu’il parlait du parti provincial, les libéraux sont déterminés à implanter un nouveau curriculum d’éducation sexuelle pour les enfants comportant de l’éducation sexuelle graphique et explicite, et ce, dès la première année. En tant que père de trois enfants, je partage les préoccupations de mes commettants, à savoir que ces politiques sont dangereuses, qu’elles exposent nos enfants à des pratiques sexuelles explicites et qu’elles enseignent des concepts et des pratiques que les parents trouvent choquantes et moralement discutables. »
Il n’a pas été possible de parler à M. Gill pour savoir quelles « pratiques » précisément il trouvait « choquantes et moralement discutables », mais tout porte à croire qu’il entend par là la masturbation et l’homosexualité. L’éducation sexuelle fait l’objet d’un vif débat en Ontario depuis 2010. À l’époque, le gouvernement avait voulu mettre à jour le contenu de ces cours, mais les critiques des groupes catholiques l’avaient fait reculer en à peine deux jours. Cette semaine, la première ministre libérale, Kathleen Wynne, a annoncé que le nouveau curriculum sera dévoilé d’ici quelques semaines et mis en place pour la rentrée de 2015.
On ignore donc le contenu précis de ces cours, si ce n’est que les enfants seront renseignés sur l’homosexualité en troisième année (8-9 ans), sur la masturbation en sixième année (11-12 ans), sur les maladies transmissibles sexuellement et peut-être le sexe oral et anal en septième année (12-13 ans, l’équivalent de la première secondaire). C’est donc à ces quelques informations publiques que fait référence M. Gill. Mme Wynne a aussi beaucoup insisté pour que soit enseigné le concept de consentement sexuel explicite. Sa détermination en cette matière s’est amplifiée dans la foulée des révélations sur l’animateur Jian Ghomeshi.
En 2010, la tête d’affiche de l’opposition au cours d’éducation sexuelle ontarien était Charles McVety, le président du Canada Christian College de Toronto. C’est le même individu qui avait piloté en 2004-2005 la croisade contre le mariage homosexuel. M. McVety est une figure de proue du conservatisme social au Canada. Parm Gill est l’un des députés que Stephen Harper a fait élire dans la banlieue torontoise élargie en 2011.