Mulcair promet un programme de garderies à la sauce québécoise

Thomas Mulcair est tellement fier du programme de garderies québécois qu’il promet de l’étendre à l’échelle du pays si le Nouveau Parti démocratique est élu en 2015. Au dernier jour de la réunion de son caucus à Edmonton, le leader néodémocrate a dévoilé l’une de ses premières promesses électorales en vue du prochain scrutin. Et au passage, il a lancé quelques flèches aux conservateurs et aux libéraux qui, les uns comme les autres, offrent du pareil au même, a-t-il critiqué.
Depuis longue date, les plateformes électorales des néodémocrates promettent de faciliter l’accès aux garderies. Mais plutôt que de s’engager de nouveau à créer des dizaines de milliers de places dans les centres de la petite enfance canadiens, Thomas Mulcair promet cette fois-ci un programme national de garderies « de qualité, abordable et accessible ». Et il s’inspirera pour ce faire du modèle québécois à 7 $ par jour, a-t-il annoncé jeudi. Le Québec serait exempté et « bénéficierait d’un transfert direct, sans condition, des sommes correspondantes », a-t-il précisé.
Pour les détails, il faudra cependant patienter. Le parti n’a pas dévoilé le tarif de ces places abordables, ni l’enveloppe qu’y consentirait un gouvernement néodémocrate. L’annonce officielle aura lieu cet automne.
M. Mulcair a vanté, en s’adressant à son caucus lors d’un discours à saveur électorale, un programme québécois qui « s’autofinance en augmentant la participation au marché du travail ».
Le gouvernement libéral québécois en est toutefois à revoir son programme provincial et le fameux tarif de 7 $ par jour pourrait notamment être modulé en fonction du revenu des parents. Car les CPE coûtent maintenant 2,33 milliards à Québec — un milliard de plus qu’il y a dix ans.
Le Québec compte 8 millions d’habitants, le Canada 34 millions. Le taux de fécondité est plus ou moins identique (1,69 enfant par femme québécoise, 1,61 au Canada).
Les provinces ont chacune leur propre système de garderies et par endroits, les places coûtent plusieurs dizaines de dollars par jour aux parents. Abaisser ces tarifs au même niveau qu’au Québec entraînerait une facture substantielle. Le NPD n’a pas détaillé le tarif envisagé par son chef.
Promesse récurrente
Mais Thomas Mulcair estime que ce genre de promesse le distingue de ses rivaux politiques. « Au fil des trois dernières décennies, libéraux et conservateurs ont promis à maintes reprises d’agir en matière de garde d’enfants. Et à maintes reprises, ils n’ont pas livré la marchandise », a-t-il accusé.
En 2005, les libéraux de Paul Martin s’étaient en fait entendus avec les provinces pour mettre sur pied un programme national qui créerait 250 000 nouvelles places en garderies, au coût de 5 milliards en 5 ans. Les conservateurs de Stephen Harper ont annulé ces ententes lorsqu’ils ont pris le pouvoir en 2006, et ont plutôt distribué des allocations familiales.
Puisque le Nouveau Parti démocratique devra se battre sur deux fronts en 2015 — en espérant à la fois remplacer les conservateurs et éclipser les libéraux —, Thomas Mulcair rode son discours électoral en martelant dès maintenant que seule son équipe se distingue sur la scène fédérale. Chez les deux autres partis, ce n’est que « blanc bonnet, bonnet blanc »,a-t-il lancé à ses troupes jeudi.
Les conservateurs « se sont occupés d’eux-mêmes » plutôt que des familles canadiennes, a-t-il en outre argué en leur reprochant d’avoir fait preuve « d’incompétence ».
Quant aux libéraux, tout comme la veille, le chef néodémocrate s’en est pris à leur chef Justin Trudeau — sans jamais le nommer. « Je suis désolé, mais premier ministre, ce n’est simplement pas une job de débutant ! », a-t-il notamment lancé.