Le Bloc délaisse les enjeux canadiens

Le chef du Bloc québécois Mario Beaulieu
Photo: Graham Hughes La Presse canadienne Le chef du Bloc québécois Mario Beaulieu

Qui dit changement de ton dit changement de priorités médiatiques au Bloc québécois. Depuis l’élection de Mario Beaulieu à la tête du Bloc, très peu de sujets politiques fédéraux trouvent grâce à ses yeux. Une recension effectuée par Le Devoir montre que le nouveau chef s’est prononcé publiquement beaucoup moins que son prédécesseur, et uniquement sur une courte liste d’enjeux strictement québécois.

 

Le Bloc a toujours, par définition, privilégié les dossiers touchant le Québec. Mais à titre de comparaison, en un an de règne à la tête du parti Daniel Paillé avait distribué 43 communiqués sur une panoplie de sujets allant de la réforme de l’assurance-emploi au décès de Nelson Mandela, en passant par des bilans de sessions parlementaires, des réactions au discours du Trône de Stephen Harper ou encore au budget fédéral, de même qu’à l’accord de libre-échange avec l’Union européenne ou le financement d’Ottawa accordé au projet du Bas-Churchill.

 

Au cours de l’été 2013, M. Paillé avait diffusé huit déclarations portant sur la tragédie à Lac-Mégantic, les données du recensement, le français au travail ou le remaniement ministériel. De son côté, M. Beaulieu, depuis son arrivée au parti le 14 juin, en a envoyé quatre aux médias dénonçant par exemple une commission nationale des valeurs mobilières ou le retrait du prix Thérèse-Casgrain. Rien sur les conclusions de l’enquête d’Ottawa sur l’accident ferroviaire de Lac-Mégantic. Rien non plus sur l’écrasement d’un avion de Malaysia Airlines en Ukraine qui avait fait une victime canadienne, un jeune Ontarien. M. Beaulieu a toutefois transmis ses condoléances aux familles des victimes de l’écrasement d’un avion d’Air Algérie au Mali, une semaine plus tard. L’appareil avait à son bord 11 Québécois.

 

Le chef bloquiste a par ailleurs annoncé sa participation à une marche pour la paix à Gaza, début août. Mais lorsque certains lui ont proposé de se prononcer de façon plus générale sur le conflit qui faisait rage au Moyen-Orient, M. Beaulieu aurait décliné, selon ce qu’a appris Le Devoir.

 

Seulement l’indépendance

 

Au fil de sa campagne à la chefferie, Mario Beaulieu n’avait pas caché ses intentions : marteler le message indépendantiste, et seulement celui-là. Le changement de stratégie médiatique s’inscrit donc dans cette veine, excluant du coup une panoplie de dossiers fédéraux qui n’ont pas d’incidence sur le débat souverainiste, analyse-t-on en coulisse. Et c’est notamment ce repli sur l’unique lutte indépendantiste qui a mené le député André Bellavance à quitter le parti il y a dix jours. Car le député adhère à une autre ligne de pensée au Bloc, selon laquelle puisque le Québec aspire à former un jour un pays, raison de plus pour que ses militants se prononcent sur des enjeux fédéraux ou internationaux.

 

D’autres bloquistes rétorquent en revanche que cette disparité médiatique entre MM. Beaulieu et Paillé s’explique simplement par un manque de ressources depuis juin.

 

L’été a été dur pour le chef et son parti. Le député Jean-François Fortin a également claqué la porte, deux semaines avant que M. Bellavance fasse de même. Il reste donc deux députés bloquistes aux Communes et l’un d’eux, Claude Patry, a confirmé qu’il ne serait pas candidat à l’élection de 2015.

Plan de match dévoilé

Les bloquistes en sauront bientôt davantage quant à la nouvelle orientation de leur parti sous la gouverne de Mario Beaulieu. Le chef doit annoncer lundi les détails de sa « restructuration » du Bloc. Priorités, dossiers ciblés et changement de personnel (pour amener certains membres de son équipe de campagne dans le giron bloquiste) devraient alors être précisés, selon ce qu’a appris Le Devoir.


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