Hommages aux mères qui changent les couches et aux pères qui inspirent de futurs leaders

Le ministre fédéral de la Justice, Peter MacKay, a fait sourciller des fonctionnaires, ce printemps, en rendant des hommages très différents aux hommes et aux femmes du ministère lors des fêtes des Mères et des Pères.
En mai, M. MacKay a félicité les mères de son ministère qui occupent deux emplois à temps plein : un au bureau et un à la maison.
Le courriel de souhaits, obtenu récemment par La Presse canadienne, n’a pas déclenché trop de réactions, jusqu’à ce que la version pour les pères atterrisse dans les boîtes de réception. Dans ce courriel-ci, le ministre ne faisait aucune mention des tâches domestiques et familiales, mais il soutenait que les pères « forment l’esprit et l’avenir de la prochaine génération de leaders ».
Le courriel pour la fête des Mères n’évoque aucunement l’impact des femmes sur l’avenir de leur progéniture.
Dans les deux cas, M. MacKay a fait référence au fait qu’il était lui-même père d’un jeune enfant.
Couches, lunchs et leaders
« Avant le moment où vous arrivez au bureau, vous avez déjà changé des couches, fait les lunchs, couru pour attraper l’autobus scolaire, déposé les enfants à la garderie, pris soin d’un proche vieillissant et peut-être même pensé au souper », dit M. MacKay dans son courriel pour les mères.
Pour les pères, par contre, « nul besoin de dire que cela peut être colossal de considérer l’immense influence que nous aurons sur nos enfants tout au long de leur vie. Nos paroles, nos actions et notre exemple façonnent grandement qui ils deviendront. »
Le cabinet du ministre MacKay n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
« En ce qui a trait aux messages adressés au personnel du ministère de la Justice, le ministre saisit chaque occasion pour remercier les employés de leur contribution et pour faire avancer les enjeux de la justice au nom de tous les Canadiens », a répondu la porte-parole, Paloma Aguilar.
La porte-parole libérale en matière de commerce, Chrystia Freeland, considère que les différences sont frappantes entre les deux messages, qui encouragent des stéréotypes parentaux dépassés. « Je ne pense pas que cela reflète la famille canadienne moderne, et c’est humiliant pour les mères et pour les pères », a-t-elle affirmé.
« Les mères comme les pères changent des couches et pensent au souper, et les deux tentent de développer l’esprit de leurs enfants et de leur donner l’exemple. »
Récemment, Peter MacKay en avait également fait sursauter quelques-uns lorsqu’il avait attribué le manque de femmes juges dans le pays au lien plus étroit entre les mères et leurs enfants.