Harper mis en garde par des groupes traditionalistes
Des groupes traditionalistes mettent en garde le gouvernement conservateur contre la tentation de renoncer au fractionnement du revenu pour les familles. Le parti de Stephen Harper en a fait la promesse en campagne électorale et pourrait perdre des votes en la reniant, fait-on comprendre.
« Nous leur servons un coup de semonce. On dit : “Hé ! Vous nous avez promis quelque chose, on le veut” », explique au Devoir Gwendolyn Landolt, vice-présidente de REAL Women, un groupe traditionaliste défendant l’égalité fiscale pour les familles dont la mère reste à la maison pour s’occuper des enfants. « Cela aura certainement des conséquences s’ils font marche arrière, car ils avaient été bien reçus lors de la dernière élection [en faisant cette promesse] », ajoute Diane Watts, chercheuse pour le même groupe.
« Nous surveillons la situation de très près, dit de son côté Andrea Mrozek, directrice de l’Institut du mariage et de la famille. Nous sommes un groupe non partisan ; alors, si le Parti libéral ou le Nouveau Parti démocratique veulent se saisir de cette idée, tant mieux. En soi, c’est un message au gouvernement, non ? »
Mercredi, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a indiqué qu’il n’était « pas certain qu’en bout de piste, cela est bénéfique pour notre société », faisant référence au fait que ce sont surtout les familles riches et celles avec un parent à la maison qui bénéficieraient du fractionnement du revenu. Le premier ministre lui-même n’a pas clarifié sa position. Jeudi, aux journalistes qui lui demandaient si cela était encore dans les plans, M. Harper a dit qu’« une fois que le budget sera équilibré et que nous aurons un surplus, nous aurons une discussion sur ce qu’on fera ensuite ».
Volte-face
Stephen Harper a promis en 2011 de permettre le fractionnement du revenu lorsque le déficit sera épongé, promesse qui a été interprétée comme une façon de satisfaire sa base électorale traditionaliste. C’est ce qui expliquerait que ce soit le ministre Jason Kenney, associé à cette frange de l’électorat, qui ait contredit publiquement M. Flaherty mercredi. Des sources ont indiqué à certains journalistes que les commentaires de M. Flaherty ont été planifiés par le bureau du premier ministre pour amorcer une volte-face sur le sujet.