Les conservateurs feraient le plein de circonscriptions

Ex-bloquiste, Maria Mourani siège désormais comme indépendante.
Photo: - Le Devoir Ex-bloquiste, Maria Mourani siège désormais comme indépendante.

Le redécoupage électoral qui s’appliquera lors de la prochaine élection fédérale semble profiter au Parti conservateur. En appliquant les résultats de l’élection de 2011 à la nouvelle carte, on remarque que 22 des 30 nouveaux sièges seraient acquis aux troupes de Stephen Harper. Et que Maria Mourani aurait perdu son siège montréalais d’Ahuntsic au profit des libéraux…

 

Élections Canada a rendu publique vendredi la projection des sièges que chaque parti politique aurait récoltés en mai 2011 si la nouvelle carte électorale avait été en place. Résultat : le Parti conservateur se serait retrouvé avec 22 députés de plus (188 au lieu de 166), le NPD aurait eu six élus supplémentaires (109 au lieu de 103) et le Parti libéral en aurait fait élire deux de plus (36 au lieu de 34).

 

Au Québec, le paysage électoral aurait été quelque peu différent si les nouvelles limites de circonscriptions avaient été en place. Ainsi, la circonscription montréalaise d’Ahuntsic n’aurait pas survécu à l’hécatombe bloquiste. Maria Mourani aurait été emportée elle aussi, non pas par la vague orange de Jack Layton, mais par le Parti libéral de Michael Ignatieff. Le Bloc québécois aurait quand même obtenu quatre sièges, parce qu’il aurait conservé celui de Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, qui est plutôt allé à Philip Toone du NPD. Au total, le Québec obtient trois sièges supplémentaires avec la nouvelle carte électorale : deux auraient été remportés par le NPD, un par le Parti libéral. Le Parti conservateur aurait obtenu les mêmes résultats.

 

Peu de vagues

 

Les partis politiques n’ont pas voulu faire grand cas de ces informations vendredi. Il faut dire qu’ils ont chacun de leur côté déjà fait ces calculs (qui n’étaient cependant pas publics). D’ailleurs, plusieurs avaient estimé que la défaite bloquiste annoncée dans Ahuntsic expliquait, du moins en partie, le départ fracassant de Maria Mourani en janvier. Cela pourrait expliquer son intérêt à lorgner une candidature pour le Parti libéral, comme Le Devoir le révélait la semaine dernière.

 

Plusieurs observateurs de la scène fédérale avaient jugé que les sièges ajoutés à la carte se trouvaient en zones acquises à la formation de Stephen Harper. Les données le confirment. Le Parti conservateur aurait obtenu dix sièges de plus en Ontario, six de plus en Alberta, sept de plus en Colombie-Britannique et un de plus à Terre-Neuve. Cependant, il en aurait perdu deux en Saskatchewan, une province sur laquelle il règne sans partage à l’heure actuelle.

 

La Saskatchewan n’aura pas de nouveaux sièges, mais les limites des 14 existantes ont été radicalement changées. Les députés conservateurs de la Saskatchewan s’étaient d’ailleurs plaints du redécoupage, allant même jusqu’à financer des appels robotisés pour inciter les citoyens de la province à le dénoncer. C’est que les circonscriptions ont été modifiées de manière à ne plus inclure à la fois une partie d’un centre urbain et une zone rurale, amalgame qui favorisait le PC. Désormais, les circonscriptions y sont soit urbaines, soit rurales. En appliquant les résultats de 2011, on note que le NPD aurait remporté les deux qui auraient échappé à Stephen Harper.

 

Le leader du gouvernement en Chambre, Peter Van Loan, n’a pas voulu commenter l’avantage que semble avoir sa formation avec les 30 nouveaux sièges. Il a même semblé reprocher à Élections Canada d’avoir fait un tel calcul. « Je crois que c’est une agence non partisane, alors je serais surpris qu’elle fasse de tels commentaires. » Élections Canada effectue cette projection de sièges chaque fois que la carte électorale est modifiée. La Loi électorale l’y oblige.

 

Le leader parlementaire du NPD, Nathan Cullen, a mis en garde contre la tentation de voir ces transpositions comme une prédiction du prochain scrutin, rappelant que les dynamiques électorales sont différentes d’une élection à l’autre. « Prenons l’élection de 2008 et celle de 2011. Est-ce qu’il y a eu une différence ? Oui, et certainement pour nous au Québec. »

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