Suicide: l’efficacité du soutien aux soldats en stress post-traumatique est remise en question

Ottawa — Le suicide, cette semaine, de trois vétérans de la guerre en Afghanistan jette un nouvel éclairage sur les programmes dont dispose l’armée pour traiter les cas de syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Bien qu’il n’y ait pas eu de récente augmentation du taux de suicide chez les membres des Forces canadiennes, le nombre de soldats devant gérer les effets du SSPT devrait augmenter au cours de la prochaine décennie, alors que le stress des affrontements gagne du terrain chez ceux ayant vécu les combats en Afghanistan, a indiqué le colonel Rakesh Jetly.

 

Des détracteurs s’interrogent, entre autres choses, sur la façon dont les Forces canadiennes tiennent le compte des suicides en leurs rangs, et si ces données permettent de tracer un portrait représentatif.

 

L’armée ne tient ainsi pas compte des suicides chez ses réservistes, bien qu’elle garde un oeil sur ces cas, ce qui porte à croire que les véritables taux de suicide pourraient être plus élevés que les données officielles. « Nous les suivons, nous avons ces données, nous faisons enquête. Si un réserviste de classe B [se suicide], nous menons là aussi une enquête, a déclaré M. Jetly lors d’une conférence téléphonique, vendredi. Le problème est qu’il est très, très difficile pour nous, au sein de l’organisation, de véritablement obtenir le portrait de la situation chez les réservistes, a-t-il expliqué. Nous craignons que si nous commençons à tenter d’en tenir compte, les résultats soient inexacts. »

 

Trois suicides

 

Le plus récent cas de suicide concerne un sous-officier de la base de Petawawa, l’adjudant Michael McNeil, du 3e bataillon du Royal Canadian Regiment.

 

Le ministère de la Défense s’intéresse également au décès de deux autres soldats dans l’ouest du pays. Des amis des victimes ont identifié l’une d’entre elles comme le caporal-maître William Elliott. Les autorités ont confirmé l’existence d’une enquête sur la mort, mardi, d’un soldat se trouvant chez lui aux alentours de la base de Shilo, au Manitoba.

 

Un artilleur est également décédé dans un hôpital, lundi, après avoir été trouvé dans un état de détresse au centre correctionnel de Lethbridge, en Alberta. Lors de sa mort, l’homme, identifié par ses amis comme étant Travis Halmrast, était détenu en vertu d’allégations de violence conjugale.

 

Le ministre de la Défense, Rob Nicholson, a souligné jeudi que le gouvernement avait consacré des millions de dollars au traitement et au suivi psychologique des soldats revenant du front depuis 2011. Malgré tout, il a estimé que les plus récents décès étaient « troublants ». D’après les détracteurs de l’opposition, toutefois, le gouvernement n’a pas consacré suffisamment de ressources dans les programmes qui empêcheraient les suicides. « Nous avons besoin d’un système en place pour nous assurer que nous pouvons identifier les failles », a déclaré le député néodémocrate Matthew Kellway. « En ce moment, il n’est pas possible de savoir si nous avons ce système. »

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