Dénonciation à l'assurance-emploi - Un congédiement justifié, dit Ottawa

Le gouvernement conservateur a approuvé jeudi la décision de Service Canada de congédier la dénonciatrice Sylvie Therrien. Celle-ci a toutefois reçu le soutien des trois partis d’opposition et du Conseil national des chômeurs, qui a lancé une campagne de soutien financier en faveur de l’ex-fonctionnaire.
Questionné à la Chambre des communes sur les révélations du Devoir, le gouvernement a rappelé à l’opposition que « la décision de renvoyer cet individu a été prise par des représentants du ministère. Nous soutenons cette décision », a indiqué la ministre d’État au Développement social, Candice Bergen.
Puis, un sous-ministre adjoint, James Gilbert, a fait valoir au Devoir que « Mme Therrien avait accepté d’occuper un poste d’agente à l’intégrité de l’assurance-emploi. Elle connaissait la nature de son emploi et ses responsabilités, y compris les exigences du code de conduite du ministère. Si Mme Therrien tenait à faire connaître son opinion ou ses inquiétudes au sujet de son emploi, il existait plusieurs avenues pertinentes pour le faire. Elle s’est plutôt adressée directement aux médias et a fourni des documents qui ne devaient pas être divulgués au public ».
En février, Le Devoir avait dévoilé un document appelé Entente sur le rendement et l’apprentissage des agents d’intégrité de Service Canada. Celui-ci indique que « les indicateurs du rendement attendu de l’employé sont [de] réaliser une moyenne de 485 000 $ en économies annuelles ». Par « économies », on entend des prestations récupérées ou non versées.
Or, selon M. Gilbert, ces cibles de 485 000 $ ne représentent pas des « quotas ». « Les employés de Service Canada ne subissent pas de conséquences pour ne pas avoir atteint de prétendus « quotas », écrit-il. Comme le font la plupart des organisations, Service Canada fixe des objectifs qui aident à déterminer de quelle façon doivent être affectés les employés et les ressources. »
L’opposition proteste
Robert Aubin, critique néodémocrate en matière d’assurance-emploi, estime que « Sylvie Therrien a fait la chose à faire » en révélant l’existence de ces cibles-quotas. Il a demandé au gouvernement si ce sont « seulement les dénonciateurs du scandale des commandites qui méritent d’être protégés ».
Au Bloc québécois, le député Jean-François Fortin plaide pour que la Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d’actes répréhensibles soit élargie pour assurer la protection de fonctionnaires comme Sylvie Therrien. « La création de cette loi était un bon premier pas, mais on constate que c’est plein de failles, dit-il. Une personne qui s’oppose pour des raisons de valeurs doit pouvoir le faire en sachant qu’elle sera protégée. »
Chez les libéraux, Massimo Pacetti a qualifié « d’injustifiable » la décision de Service Canada. « On devait encourager les dénonciateurs ; on les pénalise. Ça aura pour impact de décourager d’autres fonctionnaires », craint-il.
La publication de l’histoire de Sylvie Therrien a provoqué un flot de réactions jeudi. Plusieurs ont suggéré de créer un fonds d’aide en sa faveur : l’idée sera concrétisée par le Conseil national des chômeurs (CNC), qui préparait déjà une campagne de soutien financier pour Mme Therrien. Elle est sans revenus depuis sa suspension, le 13 mai.
Un site Internet sera créé dans les prochaines heures. « Nous allons aussi passer le chapeau de différentes façons », dit le porte-parole, Pierre Céré. Ce dernier estime que Mme Therrien « a eu un courage fou de faire ce qu’elle a fait. Ce sera une façon de lui témoigner notre solidarité ».