Réforme de l’assurance-emploi - L’Est appelle l’Ouest à se solidariser

Quelque 50 000 personnes sont descendues samedi dans les rues de Montréal, selon l’estimation des organisateurs de cette vaste manifestation.
Photo: - Le Devoir Quelque 50 000 personnes sont descendues samedi dans les rues de Montréal, selon l’estimation des organisateurs de cette vaste manifestation.

Après la mobilisation, le bilan. Pour le Conseil national des chômeurs et chômeuses (CNC), le gouvernement Harper, dont la réforme de l’assurance-emploi au pays soulève l’ire des travailleurs et des chômeurs, vient de perdre la « bataille de l’opinion publique ». Les 50 000 personnes qui sont descendues samedi dans les rues de Montréal, selon l’estimation des organisateurs de cette vaste manifestation, en ont fait la démonstration, a résumé l’organisme dimanche, au lendemain de ce mouvement de foule, qui, une fois de plus, demande à Ottawa de suspendre « immédiatement sa réforme ».

« Ces manifestations ont été un grand succès, a indiqué au Devoir Pierre Céré, porte-parole du CNC. Depuis un an, nous nous sommes mobilisés partout au Québec pour en arriver là. Ce n’est pas fini. Et le message envoyé aux conservateurs ne peut pas être plus clair. »


Samedi, sous la houlette de la Coalition québécoise contre la réforme de l’assurance-emploi (un groupe d’organismes syndicaux, de groupements de municipalités, dont beaucoup en milieu rural, d’associations étudiantes et de professionnels saisonniers), des milliers de citoyens ont pris les rues de Montréal pour faire part de leur opposition à la réforme amorcée par l’administration Harper. Trois manifestations se sont formées au parc La Fontaine, à la place du Canada et devant le complexe Guy-Favreau - un des sièges de l’administration publique fédérale à Montréal - pour ensuite converger vers la place des Festivals, où un grand spectacle de circonstance a été tenu. Par ce geste, la Coalition a réclamé pour une énième fois à Ottawa la suspension immédiatement de sa réforme de l’assurance-emploi, la tenue d’études d’impact sur les changements envisagés, mais également des consultations publiques sur l’assurance-emploi. Les manifestants, en provenance de tout le Québec, principalement des régions durement touchées par la réforme, ont convergé par autocars vers la métropole.


« Cette journée a montré qu’un très grand consensus existe au Québec contre cette réforme, a soutenu dimanche Lucie Martineau, présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec (SFPQ). Ce n’est pas seulement les organisations syndicales, mais aussi les municipalités, les travailleurs des milieux agricoles, les organisations économiques, culturelles et communautaires qui y sont opposés. Devant cette mobilisation, Stephen Harper n’a pas le choix de prendre acte de l’opposition et d’agir en conséquence. Sinon, c’est lui qui va se retrouver au chômage ».


Ailleurs au Canada


« La diversité de notre coalition va marquer l’histoire, a ajouté pour sa part Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec, par voie de communiqué. À deux reprises, les quatre partis politiques de l’Assemblée nationale ont voté, à l’unanimité, contre cette réforme. Le gouvernement fédéral ne peut ignorer un tel consensus. »


Dans les grandes lignes, la réforme de l’assurance-emploi modifie le régime d’indemnisation des travailleurs saisonniers, mais également le calcul et la durée des prestations dans les régions du Québec à haut taux de chômage, portant atteinte, selon la coalition, aux travailleurs les plus vulnérables et aux ouvriers situés au bas de l’échelle. Le Québec et les régions maritimes du Canada, en raison de leur configuration économique et sociale, sont les provinces les plus touchées par ces mesures du gouvernement central.


« Il faut que le fédéral arrête de gérer comme s’il ne représentait que les provinces de l’Ouest, lance Mme Martineau. Il doit aussi consulter et être à l’écoute de ce qui se passe ailleurs. »


À l’heure des bilans, le Conseil national des chômeurs a soutenu dimanche que « le travail de prise de parole et de sensibilisation » va se poursuivre dans les prochaines semaines, jusqu’à ce que l’administration Harper fasse marche arrière. « Pour aller plus loin, il faut que le reste du Canada emboîte le pas et vienne étoffer les rangs de notre coalition, a dit M. Céré. De grands acteurs sociaux, comme le Congrès du travail du Canada, vont devoir bouger de manière sérieuse et significative » à l’avenir pour porter plus loin le message des opposants à la réforme, a-t-il ajouté.

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