Le NPD braque les projecteurs sur les pilotes étrangers
Ottawa — Le Nouveau Parti démocratique poursuit son oeuvre de lever le voile sur l’omniprésence des travailleurs étrangers temporaires au Canada. Cette fois, le parti s’attaque à l’utilisation par les compagnies aériennes canadiennes de pilotes venus d’ailleurs alors que des pilotes d’ici sont disponibles.
Le NPD a ainsi braqué les projecteurs sur CanJet et Sunwing, deux compagnies aériennes qui se spécialisent dans les voyages « tout compris » vers le Sud. En vertu du Programme de travailleurs étrangers temporaires (PTET), CanJet recrute une trentaine de pilotes étrangers pour la saison hivernale et Sunwing, 119.
Or il y a des pilotes comme Tanguy Castric, mis à pied par Air Transat à l’automne. Il pilotait des Airbus 330. Il a postulé chez CanJet et Sunwing pour les emplois hivernaux et n’a même pas obtenu d’entrevue. La raison ? Ces deux transporteurs utilisent des Boeing 737. Une formation de quelques semaines chez la montréalaise CAE est nécessaire pour passer d’un gros-porteur à l’autre, au coût d’environ 30 000 $. Ils s’évitent cette facture en faisant appel à des pilotes étrangers.
« C’est la responsabilité des entreprises d’investir dans la formation de leur main-d’oeuvre », déplore le député Alexandre Boulerice. Le député estime qu’Ottawa travestit le PTET et maintient les travailleurs canadiens au chômage. Finalement, M. Castric a trouvé un emploi… au Pakistan.
Sunwing n’a pas donné suite à nos appels jeudi. Quant à CanJet, elle veut revoir sa position. En entrevue avec Le Devoir, le vice-président exécutif Stephen Rowe indique que la prochaine offre d’emplois saisonniers sera ouverte aux pilotes comme Tanguy Castric qui ont de l’expérience sur de gros-porteurs. CanJet payera la formation. Pourquoi ce revirement ?
« C’est une question de fiabilité », explique-t-il. Sur la trentaine de pilotes étrangers recrutés pour l’hiver 2012-2013, une dizaine ont quitté leur emploi avant la fin de la saison, causant « des dérangements opérationnels ». « L’argent additionnel nécessaire pour payer la formation des pilotes déjà formés pour les gros-porteurs est beaucoup moindre que le risque de ne pas remplir mes obligations envers mes consommateurs. »
Pour la petite histoire, M. Castric avait proposé à Service Canada qu’il lui paye sa formation chez CAE au lieu de lui verser des prestations d’assurance-emploi. Quatre mois plus tard, on l’a informé qu’on refusait sa demande de formation… au Centre d’emploi agricole (CEA) !