Justin Trudeau, cible privilégiée

Des militants indépendantistes ont investi mercredi les bureaux montréalais du nouveau chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau. Armés de casseroles, les membres du réseau Cap sur l’indépendance ont dénoncé les propos du député à la suite des récentes révélations concernant le rapatriement de la Constitution de 1982. La semaine dernière, Justin Trudeau a affirmé qu’il n’avait pas l’intention de « sombrer dans de vieilles chicanes », ajoutant que les Québécois ne s’intéressaient plus à cette question.
Photo: - Le Devoir Des militants indépendantistes ont investi mercredi les bureaux montréalais du nouveau chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau. Armés de casseroles, les membres du réseau Cap sur l’indépendance ont dénoncé les propos du député à la suite des récentes révélations concernant le rapatriement de la Constitution de 1982. La semaine dernière, Justin Trudeau a affirmé qu’il n’avait pas l’intention de « sombrer dans de vieilles chicanes », ajoutant que les Québécois ne s’intéressaient plus à cette question.

Le chef libéral Justin Trudeau a essuyé une nouvelle salve d’attaques mercredi, cette fois pour avoir suggéré qu’il fallait tenter de cerner le sentiment d’aliénation qui pousse les terroristes à agir. Quant aux publicités conservatrices le visant, c’est au tour des enseignants d’art dramatique de les condamner.

Mardi soir, en entrevue avec CBC, M. Trudeau a déclaré que les explosions au marathon de Boston sont survenues « parce que quelqu’un se sent complètement exclu. Complètement en guerre avec des innocents. En guerre contre la société. Et notre approche doit consister à se demander d’où proviennent ces tensions. Oui, nous devons répondre et offrir de la sécurité. Mais nous devons aussi nous assurer, en chemin, que nous n’exacerbons pas une culture de peur et de méfiance, car cela contribue à marginaliser encore plus ceux qui se sentent déjà comme des ennemis de la société. »


La réponse du premier ministre Stephen Harper, qui se trouvait à Londres, ne s’est pas fait attendre mercredi. « Quand on voit ce genre de geste, ce genre d’acte de violence, on ne s’assoit pas pour essayer de le rationaliser ou d’y trouver des causes profondes. On le condamne catégoriquement et on traite les responsables le plus sévèrement possible. » En fin de journée, M. Trudeau a brièvement rétorqué qu’il « espère vraiment que Stephen Harper reconsidérera la mesure dans laquelle il est prêt à attaquer les gens et à politiser les enjeux ».


Les publicités négatives


Cette politisation, qui s’est soldée par des publicités soutenant que M. Trudeau ne pourrait pas diriger le Canada parce qu’il n’a été « que » professeur d’art dramatique, a aussi été condamnée par les enseignants de la scène, notamment l’Association théâtre éducation du Québec.


« On était vraiment choqués », résume la présidente Geneviève Lanoue en parlant de son conseil d’administration et de ses collègues. « J’ai trouvé que ça ridiculisait notre formation universitaire et notre profession. » Elle rappelle que les enseignants doivent coordonner le travail des élèves-comédiens, de l’équipe technique et des scénographes pour monter une pièce. « Il faut toujours négocier. Alors, au contraire, ça exige beaucoup de leadership. »


Le Conseil ontarien des professeurs de théâtre et de danse (CODE), lui, « s’indigne de la connotation négative des commentaires faits ». « Suggérer que ceux qui enseignent le théâtre ne sont pas qualifiés pour diriger ou qu’ils sont de moindre valeur que ceux qui dirigent démontre une ignorance quant à la valeur de l’art dramatique dans le développement des jeunes », écrit la présidente, Brooke Charlebois.

***

Justin Trudeau irrite Québec

À la veille d’une visite officielle à Québec, Justin Trudeau a tenu des propos qui risquent d’irriter le gouvernement péquiste en place. Le chef fraîchement élu des libéraux fédéraux avait choisi d’amorcer son tout premier caucus à titre de chef libéral en faisant l’apologie de la Charte canadienne des droits et libertés, l’un des héritages de son père, Pierre Elliott Trudeau. M. Trudeau a ensuite laissé entendre que la raison pour laquelle Québec n’avait pas signé la Constitution de 1982 était que son premier ministre de l’époque - René Lévesque - était souverainiste. Sa vision de l’histoire s’est immédiatement heurtée à celle du gouvernement de Pauline Marois. « C’est faire preuve d’une arrogance et d’un mépris envers tous les Québécois », a critiqué le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier. Il a rappelé qu’aucun des premiers ministres qui ont suivi M. Lévesque, y compris les fédéralistes, n’a voulu signer la Constitution. Il a évoqué la « nuit des longs couteaux », qualifiant l’événement de « moment sombre ». « M. Trudeau devrait admettre les gestes graves en violation de principes démocratiques posés par son père et devrait s’excuser de faire preuve d’un tel mépris de l’histoire du Québec », a tranché M. Cloutier. M. Trudeau doit rencontrer le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, et celui de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, jeudi. L’agenda de la première ministre Pauline Marois n’était toutefois pas compatible avec le sien.

La Presse canadienne

À voir en vidéo