«Une attaque frontale contre le Québec»

« On assiste à une attaque frontale contre le Québec, c’est une entreprise de sabotage économique. » Le ministre québécois des Finances, Nicolas Marceau, n’a pas mâché ses mots jeudi pour décrier le nouveau budget fédéral.
« C’est plus qu’un abandon, s’est emporté le ministre en conférence de presse, deux heures à peine après le dépôt du budget d’Ottawa. S’ils nous laissaient tranquilles, on serait bien contents, mais on n’est pas rendus là, ils nous attaquent ! »
Sur les coupes dans la formation de la main-d’oeuvre, Nicolas Marceau est furieux de constater que le gouvernement Harper fait « complètement abstraction » des programmes ayant déjà cours au Québec.
« Le gouvernement a annoncé qu’il allait sabrer 300 millions dans les ententes avec les provinces pour créer un nouveau programme qui ne fait que dédoubler ce qui existe déjà au Québec. […] Il ne tient pas compte de ce que nous faisons, et là-dessus, on vient saboter ce que le Québec fait de très bien. »
Il est tout aussi « en colère » sur l’abolition du crédit d’impôt relatif aux fonds de travailleurs, une « façon de faire » bien québécoise pour fournir du capital de risque aux entreprises. Il s’agit d’une « vision très idéologique », estime le ministre.
« Sur les 355 millions de dollars qu’Ottawa entend récupérer en abolissant ces crédits d’impôt, il y en a 312 qui vont provenir du Québec, donc 88 %. Ça parle tout seul. »
Rapport de force
Nicolas Marceau dénonce le fait que le gouvernement Harper agit non seulement « de façon unilatérale », mais qu’en plus, il empiète sur les compétences du Québec. « Ces façons de faire sont absolument inacceptables », répète-t-il. Il est conscient que le rapport de force du Québec est mince, mais assure que le gouvernement Marois ne restera pas les bras croisés.
Il croit par ailleurs qu’il dispose d’un certain nombre de recours politiques pour forcer Ottawa à reconsidérer ses positions. « Je veux qu’Ottawa revienne sur sa décision. […] On a l’intention de garder nos compétences et nos programmes. »
Le ministre des Finances avoue que « ça complique les choses » pour le prochain budget québécois 2014-2015. « On y perd tous », résume-t-il.