Assurance-emploi: vers une «cascade» de manifestations au Québec

La Coalition québécoise contre la réforme de l'assurance-emploi représente 1,2 million de salarié.
Photo: Annik MH de Carufel - Le Devoir La Coalition québécoise contre la réforme de l'assurance-emploi représente 1,2 million de salarié.

Une coalition québécoise d'organisations qui s'opposent à la réforme de l'assurance-emploi promet une «cascade» de manifestations dans toutes les régions du Québec, suivie d'un rassemblement le 4 avril.

Même la Fête des travailleurs, le 1er mai, sera marquée par une manifestation nationale, qui se déroulera le 4 mai et portera sur ce thème de la réforme de l'assurance-emploi.

D'ici là, les députés conservateurs recevront la visite d'opposants à la réforme, ont promis les porte-parole des organisations membres, lundi, alors qu'ils manifestaient devant le Complexe Guy-Favreau, à Montréal, l'édifice qui abrite plusieurs bureaux fédéraux.

«On veut rien de moins que le gouvernement Harper et madame (Diane) Finley (ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences) retirent la réforme. Elle va à l'encontre des droits des chômeurs et chômeuses. Qu'ils retirent ce torchon, ces cochonneries qu'ils imposent aux chômeurs», s'est exclamé le secrétaire général de la FTQ, Daniel Boyer.

Travailleurs saisonniers

La réforme du régime d'assurance-emploi heurte de plein fouet les travailleurs saisonniers, dans le tourisme, l'agriculture, la foresterie, la construction et la sylviculture, entre autres. Les chômeurs devront accepter un nouvel emploi assorti d'un salaire qui représente 70 % de leur salaire antérieur. Ils devront de plus être prêts à occuper un poste situé dans un rayon d'une heure de transport de leur résidence.

De plus, depuis le lancement de cette réforme, des médias ont révélé que les inspecteurs avaient des quotas de prestations à réduire et que les chômeurs seraient soumis à des visites à l'improviste.

«S'il ne comprend pas, on va lui administrer sa propre médecine; on va lui faire des visites impromptues pour lui expliquer dans les oreilles que ça ne marche pas son affaire», a lancé à son tour Claude Faucher, vice-président de la CSD.

Le gouvernement du Québec a déjà protesté lui aussi contre la réforme fédérale. La ministre de l'Emploi, de la Solidarité sociale et du Travail, Agnès Maltais, a très brièvement rencontré son homologue fédérale, Mme Finley, qui lui a dit que c'est seulement après qu'elle ait vu les effets de la réforme qu'elle pourrait y apporter des ajustements, le cas échéant.

M. Boyer, de la FTQ, n'accepte pas que le gouvernement fédéral ait lancé cette réforme en disant qu'il en évaluera les répercussions après coup.

«On n'attend pas après six mois pour voir si ça marche ou si ça ne marche pas. Oui, il faut faire un constat après six mois, mais d'abord, avant d'imposer quoi que ce soit, il faut toujours bien savoir ce que ça a comme impact. Et ça, la ministre Finley ne l'a pas fait. Ce sont des chômeurs qui vont être dans la misère tantôt, qui vont subir les conséquences de ça, et qui vont les subir pendant six mois. Ça n'a pas de bon sens! Ça n'a aucun bon sens!» s'est exclamé M. Boyer.

La Coalition québécoise contre la réforme de l'assurance-emploi représente 1,2 million de salariés par le biais de ses organisations syndicales membres, en plus du Conseil national des chômeurs et du Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi.

Les conservateurs peu émus

À Ottawa, les députés conservateurs du Québec n'ont pas paru impressionnés par la démarche. «Les syndicats sont venus les trois campagnes précédentes dans mon comté pour me battre, ils sont allés dans des camps forestiers. Je suis encore ici aujourd'hui», a commenté le ministre des Transports, Denis Lebel.

Christian Paradis, le lieutenant québécois de Stephen Harper, a quant à lui dit comprendre qu'il y ait de l'inquiétude à l'égard de la réforme au sein de la population, mais à son avis, c'est parce que de «l'information erronée» circule. Selon lui, il est faux d'affirmer par exemple que des travailleurs devront s'exiler en Alberta en raison des changements aux critères d'admissibilité du programme.

«C'est des propos qui sont grossièrement exagérés et on va rectifier les faits. C'est ce qu'on va s'évertuer à faire», a-t-il assuré.

Pour le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, il n'en reste pas moins que la vaste majorité des électeurs désapprouvent l'initiative conservatrice. «Moi, je suis persuadé que la majorité des Canadiens trouvent indécentes les stratégies que les conservateurs sont en train de mettre en vigueur», a-t-il dit.

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