Au tour de Bob Rae de visiter les sables bitumineux
Après Thomas Mulcair, c’est au tour du chef libéral par intérim, Bob Rae, de visiter les sables bitumineux albertains à Fort McMurray. M. Rae n’a pas pour autant envie de se livrer à des conjectures sur les impacts possibles de cette industrie sur les autres secteurs économiques. Tout ce qu’il veut, c’est qu’Ottawa décide d’un encadrement environnemental pour offrir de la stabilité et de la prévisibilité à l’industrie.
« C’est un développement économique important et je dirais peut-être même primordial pour le pays », indique M. Rae au cours d’un entretien téléphonique. Le chef libéral restera deux jours à Fort McMurray, où il survolera les sites d’exploitation des sables bitumineux. Il rencontrera également les responsables de l’industrie, des leaders environnementaux, des politiciens locaux et des leaders autochtones.
Selon M. Rae, Ottawa, paradoxalement, nuit à l’industrie sous couleur de l’aider en repoussant sans cesse l’adoption d’un cadre réglementaire environnemental. « De mes rencontres avec l’industrie, j’ai réalisé qu’elle attend du fédéral des certitudes. […] Comme il ne s’est pas doté d’une politique environnementale claire et nette, peut-être que le fédéral a créé encore plus de problèmes qu’il ne le pensait. »
M. Rae parle notamment des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ottawa n’a toujours pas indiqué de combien l’industrie des sables bitumineux - et les autres - devrait réduire ses rejets ou à quel niveau les plafonner. L’industrie, selon M. Rae, vit donc dans l’éternelle crainte que ces limites surviennent un jour. « Le gouvernement ne dit pas clairement quel est l’impact prévu des engagements internationaux qu’il a pris à Copenhague. On n’est pas certain de ce que sera l’impact pour l’industrie pétrolière. » Mais Ottawa a-t-il même l’intention d’imposer de telles limites ? M. Rae estime que c’est inévitable. « Le gouvernement s’est engagé avec des cibles. Ces cibles ne veulent rien dire si on n’a pas de politique. »
Le chef du NPD, Thomas Mulcair, a visité fin mai les sables bitumineux et y a porté son message dissonant : il estime que l’exploitation de cette ressource doit être modérée en faisant porter par l’industrie le coût réel de la destruction environnementale qu’elle engendre. Il soutient que le boum pétrolier de l’Ouest a fait grimper la valeur du dollar canadien, ce qui, en retour, a nui à l’industrie manufacturière de l’Ontario et du Québec. Bref, que le Canada est affecté par le « mal hollandais ».
Quand on demande à M. Rae si son voyage n’est pas qu’une façon de suivre les traces de M. Mulcair, il s’enflamme. « Avec respect, ce n’est pas la première fois que je parle avec l’industrie pétrolière. Je le fais depuis longtemps. » Et croit-il que le mal hollandais ronge l’économie canadienne ? « C’est une théorie et la politique ne suit pas les théories. La politique suit les faits. Les théories économiques, franchement, je n’ai pas beaucoup d’intérêt pour cela. »
***
Mulcair ne changera pas d’idée
Calgary — La première ministre de l’Alberta ne fonde pas d’espoir sur un changement de rhétorique du chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, concernant les sables bitumineux.
Alison Redford a dit s’attendre à ce que M. Mulcair se prononce encore contre l’industrie des sables bitumineux au cours des prochaines années. Selon M. Mulcair, la vigueur économique en Alberta, propulsée par les sables bitumineux, gonfle la valeur du dollar canadien et nuit à l’industrie manufacturière ailleurs au pays.
Le chef du NPD doit visiter Calgary à la fin de la semaine, comme bien d’autres politiciens qui se mêlent aux festivités du Stampede.
Mme Redford a affirmé hier en marge des festivités qu’aucune rencontre n’a été planifiée avec M. Mulcair. « Nous allons continuer pour les trois prochaines années à entendre M. Mulcair, et je ne crois pas que son ton changera à l’égard de l’économie énergétique, a dit Mme Redford. Nos perspectives sont très différentes. Nous croyons que le secteur de l’énergie a de la valeur et qu’un leader se doit de dire en quoi ce secteur est important pour le pays. »
La Presse canadienne