Les blouses blanches dans la rue contre Harper

Des scientifiques d’un peu partout au pays accusent le gouvernement Harper de sabrer volontairement dans la recherche. Pour dénoncer ces compressions, ils organisent mardi une procession funèbre soulignant la « mort de la preuve scientifique » sur la colline parlementaire à Ottawa.

« Tous les Canadiens devraient être en mesure d’avoir accès à la preuve scientifique afin de faire des choix éclairés », affirme Scott Findley, professeur associé et ex-directeur de l’institut de l’environnement à l’Université d’Ottawa.


Avec quelques collègues, professeurs et étudiants d’Ottawa, Scott Findley a lancé le mot d’ordre pour tenter de rallier la communauté scientifique du pays. Selon lui, plus de 500 scientifiques ont donné leur appui au mouvement jusqu’à présent grâce aux réseaux sociaux.


Les participants sont invités à porter un sarrau de laboratoire et du noir pour manifester leur indignation face aux compressions et au musellement des scientifiques.


Sur leur site DeathofEvidence.ca, les organisateurs dénoncent les stratégies utilisées par le gouvernement Harper pour « tuer » la preuve scientifique.


« Les seules informations auxquelles le public canadien a accès sont celles qui corroborent la position idéologique du gouvernement, écrit Scott Findley. Cela n’est pas de la science, c’est de la propagande ! »

 

Une offensive musclée


Selon les scientifiques, le gouvernement fédéral s’est embarqué dans une offensive musclée et systématique pour empêcher la diffusion des informations scientifiques auprès du public canadien en utilisant deux méthodes.


La première consiste à saigner les programmes et les institutions dont le principal mandat est la collecte d’information scientifique, la seule qui soit véritablement neutre.


On fait notamment référence ici aux coupes majeures dans les programmes de recherche d’Environnement Canada, de Pêches et Océans Canada, du Conseil national de recherches Canada, de même qu’à la fermeture des instituts de recherche comme la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie et le Polar Environment Atmospheric Research Laboratory (PEARL) au Nunavut.

 

Censure


L’autre stratégie, encore plus « insidieuse », selon Scott Findley, consiste à empêcher la diffusion des données dans le débat public.


« Nous avons assisté à des douzaines de cas de censure pour empêcher les scientifiques gouvernementaux de parler, une pratique que le ministre de l’Environnement Peter Kent tente de justifier en parlant d’une pratique établie. »


Et il n’y a pas que l’environnement. On parle aussi de sciences sociales et juridiques, de santé, bref, de tout ce qui permet de mieux comprendre le monde et de prendre des décisions éclairées.


« La conséquence de tout cela, c’est que les gens ne sont plus en mesure de comprendre l’impact des décisions publiques », déplore le professeur.


Le cortège funèbre partira mardi midi du Centre de conférences d’Ottawa et se déploiera jusqu’au Parlement.

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