Pas d’écoute électronique dans les aéroports… pour l’instant
Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a mis le holà à un projet d’écoute électronique et d’enregistrement de conversations dans les aéroports canadiens après que la Commissaire à la protection de la vie privée eut exprimé de sérieuses réserves. Il demande que la pratique cesse et que les enregistrements déjà effectués soient détruits.
L’Ottawa Citizen a révélé ce week-end que l’Agence des services frontaliers (ASF) avait installé des micros cachés à l’aéroport d’Ottawa. L’équipement doit servir à enregistrer les conversations entre les voyageurs internationaux et les employés de l’aéroport, pas celles — privées — entre deux voyageurs, par exemple.
Qu’importe. L’Agence n’avait pas au préalable effectué une évaluation des facteurs de risque relatifs à la vie privée ni soumis cette évaluation à la Commissaire à la protection de la vie privée, comme l’exige une directive du Conseil du trésor. Le ministre Vic Toews, ayant lui-même subi les foudres du public avec l’affaire Vikileaks à cause d’un projet de loi jugé trop indiscret, a sonné la fin de la récréation hier.
« Je partage les préoccupations de vie privée des Canadiens quant à l’enregistrement des conversations, même quand elles ont lieu dans un endroit à accès limité d’un aéroport. […] J’ai indiqué à l’ASF que je ne veux pas que de tels enregistrements aient lieu avant qu’une évaluation des impacts n’ait été menée et que la Commissaire à la protection de la vie privée n’ait fait ses recommandations. » M. Toews précise toutefois qu’il peut être légitime d’enregistrer les échanges entre les citoyens et des représentants des forces de l’ordre. Il n’écarte donc pas cette pratique.
La commissaire adjointe, Chantal Bernier, se réjouit de cette sortie. « Les mots de M. Toews sont très rassurants parce qu’il remet le processus en marche, le processus qui aurait dû avoir cours », dit-elle en entrevue. Mme Bernier explique que l’ASF devra démontrer la « nécessité » de l’initiative et présenter les moyens qu’elle prendra pour protéger les données recueillies. Enfin, il doit y avoir « un signalement adéquat de sorte que l’individu sache qu’il ou elle est sous écoute en plus d’être filmé », ce qui n’était pas le cas.