La Défense se défend d’avoir caché le prix du F-35

La Défense nationale nie avoir camouflé le coût des F-35, la délégation de fonctionnaires venus comparaître en comité parlementaire hier ayant argué que le ministère a simplement suivi la marche à suivre des années passées en matière d’acquisition militaire. Et malgré les risques liés à cet appareil, l’avion de chasse de Lockheed Martin est bel et bien l’unique modèle qui répond aux besoins du Canada, ont-ils martelé.
Avec le recul, les huit fonctionnaires dépêchés hier ont concédé qu’ils auraient pu faire les choses autrement en préparant l’acquisition d’avions de chasse. Mais à chaque reproche, ils avaient une excuse. Tout d’abord, il est faux d’affirmer que le gouvernement tient deux livres comptables quant à la facture - l’un interne, et l’autre présenté au public et au Parlement. Dans son rapport, le vérificateur général Michael Ferguson a reproché au gouvernement de ne pas avoir présenté tous les coûts des appareils, que le ministère évaluait à 25 milliards de dollars, alors que le gouvernement plaidait aux Communes qu’ils se chiffreraient à 15 milliards. Or, le gouvernement n’a communiqué que les frais d’acquisition et de maintien de la flotte, car il est prévu que les frais de fonctionnement s’avéreront sensiblement les mêmes que ceux de la flotte de CF-18 - que doivent remplacer les F-35 -, lesquels sont donc déjà indexés au budget du ministère. Et cette façon de faire est la norme depuis des années, a plaidé le sous-ministre à la défense, Robert Fonberg.
Autre réprimande de l’opposition : la Défense avait accepté en novembre 2010 de fournir tous « les coûts exhaustifs liés au cycle de vie » de ses appareils, lorsque la vérificatrice de l’époque Sheila Fraser avait porté un blâme semblable quant à l’achat des hélicoptères Chinook. « Mais nous avions aussi reconnu que cela nous prendrait du temps », a défendu M. Fonberg. « Ils [les fonctionnaires] n’ont appris aucune leçon. Ils ont répété les mêmes erreurs maintes et maintes fois, et ils continuent de le faire », a accusé le néodémocrate Malcolm Allen.
Rapport du VG
Le gouvernement ajuste sa ligne de défense depuis le dépôt du rapport de M. Ferguson, le mois dernier. Après avoir annoncé la création d’un « Secrétariat du F-35 » pour répondre au rapport cinglant, voilà qu’on parle désormais d’un « Secrétariat de l’acquisition de l’avion de chasse national ». L’opposition doute toutefois qu’un autre appareil soit réellement envisagé. Et le commandant de l’Aviation royale, le lieutenant-général André Deschamps, est venu confirmer cette inquiétude. « Présentement, d’un point de vue de l’Aviation, nous mettons le cap vers une transition vers le F-35. » Le Globe and Mail rapportait hier que le Secrétariat souhaiterait lui aussi que la Défense étudie la possibilité de se procurer un autre appareil. Dans son rapport, M. Ferguson a conclu que le ministère avait fait son choix dès 2006 et pris les moyens détournés pour s’assurer d’obtenir son avion favori. Le libéral Gerry Byrne s’est dit convaincu que le Parlement et les Canadiens sont déjà devant un fait accompli, sans savoir à quel prix.