Compressions fédérales - Défense nationale: le Québec écope du tiers des coupes

Québec — Le Québec devra assumer une part importantes des coupes imposées par Ottawa à la Défense nationale avec près de 400 postes supprimés, principalement aux bases militaires de Saint-Jean-sur-Richelieu et Valcartier.
«Je trouve ça aberrant, 32 % des coupures se font au Québec! C'est énorme!» dénonçait hier le responsable de la section Québec de l'Union des employés de la Défense nationale (UEDN), Philippe Turcq.L'UEDN, qui représente la majorité des employés touchés, chiffre à 1093 les suppressions de postes à la grandeur du Canada, dont 361 sont imposées au Québec. «On ne pensait pas que c'était si pire. Ils ont vraiment sacré un bon coup de pied dans le derrière du Québec!»
Si la base aérienne de Bagotville (Saguenay) est complètement épargnée par l'exercice, celles de Valcartier (Québec) et Saint-Jean-sur-Richelieu devront se priver respectivement de 149 et 144 employés. Montréal (37 postes), Gatineau (16), Franham (14) et Trois-Rivières (1) complètent le tableau.
La plupart des employés visés sont des travailleurs manuels: mécaniciens, chauffeurs, soudeurs, peintres, etc. À Québec comme à Saint-Jean, le corps de métiers le plus touché est celui des services alimentaires. Un choix absurde, selon M. Turcq. «Il va falloir continuer à nourrir nos troupes et nos gens sur les bases. [...] Ils vont engager une compagnie privée qui va faire quoi? Elle va engager des gens au même salaire puis va se prendre une cote, alors ça va coûter encore plus cher pour les payeurs de taxes!»
À Valcartier, le tiers des travailleurs concernés travaillent pour le Centre de recherche sur la Défense où les conservateurs avaient pourtant investi pour 170 millions en 2010. Selon le syndicat qui les représente, les coupes visent à privatiser les activités de recherche. «Je trouve ça déplorable», a expliqué Yvon Brodeur, de l'Institut professionnel de la fonction publique. «On pense que le gouvernement veut privatiser certains services dans le domaine de la recherche. On le voit dans d'autres ministères, que ce soit l'Agriculture ou chez Pêches et Océans.»
Au ministère de la Défense nationale, on a justifié les compressions par la nécessité de «revenir à la normale» après les efforts déployés ces dernières années pour la mission en Afghanistan.
«Depuis 2005, plus de 5400 civils ont été embauchés par le ministère de la Défense nationale, ce qui équivaut à une augmentation de 25 %. Ces postes étaient nécessaires pour maintenir le rythme opérationnel plus élevé», a fait valoir le porte-parole Christian Tessier.
«Maintenant que les opérations de combat ont pris fin et que le rythme opérationnel des Forces canadiennes est pour ainsi dire revenu à la normale, les Canadiens s'attendent à ce que le ministère de la Défense nationale continue de veiller à ce que l'argent des contribuables soit utilisé à bon escient.»
Hier, le NPD a qualifié «d'insensées» ces coupes et déploré leurs conséquences sur le quotidien des militaires. «Ces compressions obligeront les militaires à effectuer des tâches du personnel civil. Cela accroîtra leur charge de travail», a déploré le porte-parole du parti en Défense nationale, David Christopherson. «Ces changements auront des conséquences graves sur les activités de défense, particulièrement au Québec.»
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Avec la collaboration de Marie Vastel