Course à la chefferie du Nouveau Parti démocratique - Dernier appel des candidats, place au vote

La veuve de Jack Layton, Olivia Chow, a lancé aux militants portant des t-shirts blancs ornés du slogan «Je suis la relève de Jack Layton», qu’ils étaient bel et bien à la hauteur de ce message.
Photo: Agence Reuters Mike Cassese La veuve de Jack Layton, Olivia Chow, a lancé aux militants portant des t-shirts blancs ornés du slogan «Je suis la relève de Jack Layton», qu’ils étaient bel et bien à la hauteur de ce message.

Toronto — Les présentations sont faites et après sept mois de campagne, le temps est venu pour les néodémocrates de se choisir un nouveau chef. C'est aujourd'hui qu'ils décideront lequel des sept candidats à la succession de Jack Layton remportera le grand prix. Mais à quelques heures du moment de vérité, l'issue de la course n'est toujours pas réglée.

Parmi les quelque 131 000 militants au pays (environ 14 000 au Québec), plus de 55 600 ont fait leur choix par anticipation, à l'aide d'un bulletin préférentiel. Il reste donc encore 58 % des militants qui devront se prononcer en direct aujourd'hui, sur place au congrès ou sur Internet, au fil des rondes de scrutin. Et celles-ci pourraient se multiplier, car parmi les aspirants-chefs, aucun ne semble avoir la voie libre pour l'emporter. Thomas Mulcair mène le bal, mais certains de ses rivaux lui font la course. À la veille du jour J, les candidats ont ainsi tour à tour prononcé leur dernière allocution hier.

La course s'était déroulée dans le calme, certains la qualifiant même de monotone. Mais dans les derniers jours, elle s'est corsée, notamment suite à la sortie de l'ancien chef Ed Broadbent contre Thomas Mulcair, et au profit de son poulain Brian Topp. Le ton était donné: le choix sera entre un NPD qui reste bien ancré dans ses politiques, ou un parti qui se recentre sur l'échiquier politique pour séduire l'électorat. Résultat: tous — ou presque — contre M. Mulcair, qui prône ce renouveau du NPD.

Les candidats et leurs partisans au caucus insistent pour dire qu'ils forment une famille unie, qui affrontera un seul adversaire dès lundi; Stephen Harper. Mais dès la première présentation, Nathan Cullen a confirmé la lutte. «Il y en a qui croient qu'il y a de bons néodémocrates et de mauvais néodémocrates. Je suis en profond désaccord mes amis», a-t-il soutenu en rappelant qu'il a défendu à la fois M. Topp et M. Mulcair pendant la course. Or, M. Mulcair n'a pas pu profiter du même appui de la part de ses autres rivaux.

«Je suis fier d'être néodémocrate et je ne m'en excuse pas. [...] Si nous nous battons comme des sociaux-démocrates, non seulement allons-nous gagner, non seulement allons-nous battre Stephen Harper, mais en plus, mes amis, cela aura valu le coup», a lancé M. Topp, en reprenant les propos de Paul Dewar. «Nous avons peut-être perdu Jack, mais nous ne devons pas nous perdre en chemin», avait défendu plus tôt le député d'Ottawa-Centre. «Le défi est grand. Nous devons élargir notre base et renforcer nos appuis. Pour y arriver, il faut miser sur nos forces, et ces forces sont nos valeurs», a renchéri Peggy Nash.

Inébranlable, lui qui commence à être habitué à faire le fruit des attaques, M. Mulcair s'en est tenu à détailler de quelle façon il battrait M. Harper. «Notre défi consiste non seulement à leur tenir tête [aux conservateurs], mais à dire ce que nous allons faire. Pas juste s'opposer, proposer», a-t-il plaidé au fil d'un discours précipité, car M. Mulcair a été pris de cours à la suite d'une présentation qui s'est étirée et qui a grugé une bonne partie des 20 minutes qui lui étaient allouées. Même pépin pour Mme Nash, dont le micro a été éteint et la voix enterrée par la musique, comme Stéphane Dion six ans plus tôt, lui qui avait subi le même sort avant d'être couronné chef libéral.

La plus jeune candidate du lot, Niki Ashton, a quant à elle été la première à aborder de front le besoin de tendre la main aux différentes régions du pays, comme ce fut le cas au Québec. La vague orange qui y a déferlé devra se reproduire dans l'Ouest canadien, a-t-elle argué, en défendant une «nouvelle politique». Signe que le Québec compte dans cette course, Mme Nash a quant à elle été présentée entre autres par trois jeunes députés de la province, sur la musique de Coeur de pirate.

Le Néo-Écossais Martin Singh a de son côté présenté une vidéo d'animation le présentant, lui qui est méconnu dans cette course et qui a déjà annoncé qu'il se rallierait derrière M. Mulcair une fois éliminé.

Au revoir Jack

Avant de tourner la page pour ouvrir un nouveau chapitre, les néodémocrates ont rendu un dernier hommage à leur défunt chef. À coups de vidéos, les quelque 4000 néodémocrates réunis en congrès ont revu Jack Layton lors de la dernière campagne électorale, ou plus tôt dans sa carrière municipale. Puis, les témoignages se sont succédé de la part de citoyens, du chef de l'Assemblée des Premières Nations, Shawn Atleo, de l'ex-député du NPD Bill Blaikie, des anciens premiers ministres Jean Chrétien et Brian Mulroney — qui ont tous souligné l'écoute sincère de Jack Layton — et ses enfants Michael et Sarah — qui ont remercié les néodémocrates de «poursuivre l'héritage» de leur père.

Sa veuve, la députée Olivia Chow, a lancé à la foule tapissée de t-shirts blancs ornés du slogan «Je suis la relève de Jack Layton», qu'ils étaient bel et bien à la hauteur de ce message. «Nous ne parlons pas de ce qu'était l'héritage de Jack, mais ce qu'il sera», a-t-elle scandé au terme d'un discours se voulant rassembleur pour le parti, qui s'apprête à démarrer une toute nouvelle aventure. L'ancien entourage de Jack Layton a par ailleurs confirmé que le quartier général du NPD à Ottawa sera renommé l'«édifice Jack Layton», tandis qu'un parc sera aussi rebaptisé en son honneur dans sa ville natale de Hudson, au Québec.

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