Un caucus uni... pour l'instant

Ottawa — Au terme de son mandat comme chef intérimaire du Nouveau Parti démocratique, Nycole Turmel martèle que son plus grand accomplissement aura été de conserver l'unité du parti qu'elle remettra samedi à son successeur. Mais ce sera aussi le premier défi du prochain chef. Car si les néodémocrates arguent sans relâche qu'au terme de la course ils redeviendront du jour au lendemain unis, Mme Turmel a néanmoins admis hier que ce n'était pas pour autant acquis, comme lors de toute campagne à la chefferie.
Depuis sept mois, les néodémocrates insistent: la course est positive et ne laissera aucune cicatrice parmi les troupes. Or, à l'approche du congrès qui couronnera le prochain leader, les attaques se multiplient contre le meneur. La semaine dernière, l'ancien chef et supporteur de Brian Topp, Ed Broadbent, a mené une série de frondes contre Thomas Mulcair dans les médias, l'accusant de vouloir détourner le NPD de ses principes sociaux-démocrates et de s'en prendre à sa propre organisation en revendiquant, à tort, le succès du parti au Québec en mai dernier. Il y a aussi eu les sorties de partisans d'autres candidats contre M. Mulcair sur Twitter, notamment des députés.Comment donc prétendre que tout ce beau monde se retrouvera dans l'harmonie dimanche? «Il y a toujours un danger quand il y a une nouvelle direction, une nouvelle vision, de diviser. Ça, il faut le reconnaître», a fini par avouer Mme Turmel, en point de presse, pour clore son règne à la tête du NPD. «Maintenant, ce sera au nouveau ou à la nouvelle chef, dans son message et son approche, de s'assurer que le caucus est la priorité.» Mais elle refuse de s'inquiéter. «Il y a un engagement de la part de tout le monde», a-t-elle assuré, quant à l'allégeance de chacun face au futur chef, quel qu'il soit. En 2003, Jack Layton n'était pas le favori de la course, et il n'était même pas député, a-t-elle rappelé.
Après avoir accepté de remplacer temporairement M. Layton au pied levé cet été, Nycole Turmel a finalement occupé le poste pendant huit mois à la suite du décès soudain du leader. Elle a défendu son bilan hier en se disant fière d'avoir mis en avant des dossiers chers aux Canadiens, comme la pénurie de médicaments, le sort d'Attawapiskat ou la fraude électorale. Pourtant, les sondages continuent de suggérer que le parti perd des appuis au Québec, au profit des bloquistes.
Le plus récent d'entre eux, un sondage Harris-Décima-La Presse canadienne, accorde 34 % des intentions de vote au Bloc québécois, 26 % au NPD, 21 % aux libéraux et 11 % aux conservateurs. Le coup de sonde national effectué du 8 au 19 mars a interrogé 2005 Canadiens. Les chiffres nationaux sont plus indulgents avec le NPD, qui récolte 28 % des appuis contre 31 % pour les conservateurs et 24 % pour les libéraux. La marge d'erreur est de 2,2 % à l'échelle nationale et est plus élevée pour les échantillons provinciaux.
Mais pas de panique, a rétorqué Mme Turmel, plaidant que ses troupes ont encore trois ans avant d'affronter l'électorat, qui offre la vraie réponse aux sondages, selon elle.
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Avec La Presse canadienne