Aide internationale: les organismes québécois dénoncent l'a priori politique de l'ACDI

L'Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI), qui rassemble 65 de ces groupes, accuse le gouvernement Harper de vouloir imposer son idéologie et ses priorités politiques dans l'octroi de subventions par l'Agence canadienne de développement international (ACDI).

Pour illustrer sa thèse, l'AQOCI note que le gouvernement conservateur exige des organismes souhaitant accéder au nouveau «Fonds pour la résilience climatique en Afrique» qu'ils présentent des projets qui «soutiennent et adhèrent aux politiques et aux engagements nationaux et internationaux du Canada». Hugo Séguin, spécialiste en politique environnementale à Équiterre, un organisme membre de l'AQOCI, a vu dans cette nouvelle phraséologie une «porte ouverte à l'ingérence politique» dans le processus d'évaluation des projets de coopération internationale, lors d'une conférence de presse hier.

Les organismes québécois ont reçu la portion congrue des projets retenus par l'ACDI en décembre dernier, soit 11,2 % du financement total, alors que le Québec représente 23 % de la population du Canada, a par ailleurs dénoncé l'AQOCI. Un seul de ses organismes membres a vu un projet retenu par l'agence fédérale.

Nouveaux venus

L'AQOCI a déploré aussi le fait que des organismes ayant fait leurs preuves ont été écartés des choix de l'ACDI au profit de nouveaux acteurs, dont un certain nombre d'organisations religieuses conservatrices originaires de l'Alberta, et même une fondation mise sur pied par un consortium de sociétés minières.

«La crédibilité de nos organisations se trouve réduite, car nous sommes obligés de dire à nos partenaires du Sud que nous ne savons pas si le financement sera au rendez-vous», a signalé Gervais L'Heureux, directeur général de l'AQOCI.

Selon l'association, l'ACDI a également gelé le financement des activités de sensibilisation publique et de plaidoyer.

«On ne croit pas au hasard. Bon nombre de ces organisations [dont les projets ont été écartés] se prononcent sur les dépenses militaires, sur le droit des Palestiniens d'avoir un pays, ou critiquent le gouvernement canadien. L'intention ferme du gouvernement conservateur est de museler les groupes de la société civile», a déclaré hier Denis Labelle, président de l'AQOCI.

L'ACDI a cessé de financer les projets qui concernent les droits de la personne, dont le droit des travailleurs, a dénoncé Michèle Asselin, coordonnatrice du Centre international de solidarité ouvrière (CISO). «Depuis 2010, aucun projet présenté par des organisations syndicales au Québec ou au Canada n'a reçu de financement», a-t-elle précisé.

Denis Labelle reconnaît que les organismes de coopération internationale ont l'habitude de s'autocensurer par crainte de perdre leur financement public. «Pour nous, c'est fini cette idée voulant qu'il ne faille pas mordre la main qui nous nourrit», a cependant annoncé le président de l'AQOCI.

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