Vikileaks30 est démasqué

Ottawa — C'était finalement un libéral, et non un néodémocrate, qui se cachait derrière le compte ViKileaks30 qui a égrené impudiquement la vie personnelle du ministre de la Sécurité publique sur Twitter. Le libéral a perdu son emploi et le leader par intérim, Bob Rae, a présenté des excuses à la Chambre des communes.
«On m'a informé hier [dimanche] qu'un employé du bureau de recherche libéral était responsable de Vikileaks30 auquel le ministre a fait référence, a déclaré M. Rae. J'ai discuté de cette question avec cet individu ce matin [lundi], il a offert sa démission et j'ai accepté sa démission. Je veux offrir mes excuses personnelles au ministre pour la conduite d'un membre de mon personnel.»M. Rae a expliqué qu'il s'était fait un devoir, au cours de sa carrière politique, de ne pas s'en prendre à la vie privée de ses adversaires. «Nous n'avons pas été à la hauteur de ce standard», a-t-il conclu. L'employé en question, Adam Carroll, travaillait au Parti libéral depuis 2005, ayant notamment été employé par le député Joe Volpe.
Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, s'est retrouvé dans la tempête il y a deux semaines en présentant son projet de loi C-30 accordant aux policiers des pouvoirs d'enquête accrus, dont celui d'obtenir sans mandat les renseignements nominatifs d'internautes qui les intéressent. Une campagne de dénigrement du ministre s'est bâtie dans Internet. Vikileaks30 s'était amusé à exposer les détails croustillants du divorce acrimonieux de M. Toews tirés de documents déjà publics, mais accessibles seulement en se rendant en personne au palais de justice.
Le ministre Toews a accepté les excuses libérales hier. «J'accepte cette excuse personnelle du député de Toronto Centre. Je crois que c'est une excuse sincère qui mérite d'être acceptée.» Le ministre a toutefois rappelé qu'un député libéral avait invité les gens à consulter le compte Vikileaks30 et demande à ce que cela cesse. Le compte a été fermé il y a 12 jours.
À la Chambre des communes, les conservateurs avaient accusé le NPD d'être derrière cette campagne de dénigrement. Ils s'en sont excusés hier. «Je peux assurer le député au nom du gouvernement que nous retirons ces commentaires», a déclaré le leader du gouvernement à la Chambre, Peter Van Loan.
Le NPD a accepté à son tour les excuses, mais avec amertume. «C'est une triste histoire», a résumé le député Jack Harris, qui a déploré cette façon de «sauter aux conclusions, de porter des accusations et de poser un jugement hâtif».